logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Demain

Des vieux mots

Demain | Chronique | publié le : 01.02.2005 | De meryem Le Saget

Les entreprises résolument tournées vers l'action aiment bien citer en boutade : « Un imbécile qui avance va toujours plus loin qu'un intellectuel assis. » Leurs mots favoris ? Efficacité, rapidité, performance, résultat avec, au sommet, le fameux «impact». Relégués aux oubliettes les termes comme gentillesse, douceur, nuance, générosité, tolérance... Trop décalés. Trop inefficaces. Certains ajoutent même trop féminins. Pourtant, des mots nettement plus anciens nous indiquent la direction de l'efficacité de demain. Effectivement, tout miser sur la performance et le progrès technologique ne sert à rien si nous restons handicapés des relations humaines. Trois vieux mots, donc, à remettre au goût du jour.

Courtoisie. A part dans les chansons de geste du Moyen Age et les récits d'amour courtois, ce mot a disparu. Si, par hasard, dans votre entourage, on qualifie quelqu'un de courtois, faites le test : il a plutôt 70 ans que 25 ! La courtoisie, cette élégance qui met du liant dans les rapports humains, n'est plus de mise. Aujourd'hui, il faut être direct, carré, assertif. (En tout cas l'Occident le croit !) Et cela crée des catastrophes. Pas le temps d'être attentionné à l'autre, on le brusque, on oublie les attitudes les plus élémentaires de respect. Grave erreur, car la courtoisie est l'engrais qui facilite les relations et enrichit le climat de confiance. Les vieux mots cachent parfois des qualités indispensables.

Bienveillance. Si le mot «courtoisie» est ringard, «bienveillance» est pire ! Qui sait encore être gentil, généreux, tolérant et nourrir des a priori favorables sur les autres ? En revanche, la critique est fréquente. Porter un jugement rapide sur autrui, c'est montrer du caractère et des opinions fermes. Donc, c'est apprécié. Evidemment, personne n'évalue les dégâts que cette attitude provoque dans une entreprise en changement. Car aucune organisation ne peut réussir ses transformations sans un climat d'encouragement, de soutien et de bienveillance. Le vrai leadership n'est pas de faire preuve d'autorité (c'est facile), mais plutôt de stimuler la coopération et l'engagement de tous. Développer la bienveillance serait fort utile dans les entreprises d'aujourd'hui, où l'on croit encore trop aux méthodes de domination.

Tempérance. Très vieux mot, presque éjecté du dictionnaire tant il est obsolète. Tout comme ses frères et soeurs : mesure, patience, réserve, modération, recul et autres termes pour gens fatigués. L'entreprise préfère foncer. Action, résultat, action, résultat est sa séquence favorite. Nuancer ? Ne pas se précipiter ? Mesurer ses propos ?... Des idées inutiles qui font perdre du temps. Conséquence : on fonctionne à l'impulsion, à l'énergie. On veut tout, tout de suite, avec excès et exigence de satisfaction immédiate, comme une société adolescente. De la tempérance, notre monde contemporain n'a gardé que le climat tempéré ou le nom d'une lame de tarot... bien maigre héritage, sauf si nous réagissons.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris <mlsconseil@wanadoo.fr>

Auteur

  • De meryem Le Saget