Eurovia (37 000 salariés dont 20 000 en France), le pôle routier du groupe Vinci, a des chefs de chantier high-tech. Depuis début janvier, cette entreprise située à Rueil-Malmaison (92) a, en effet, définitivement bouclé son projet Papyrus visant à dématérialiser les relations de travail sur ses chantiers. Ses 2 500 chefs de chantier sont désormais tous équipés d'une tablette PC de marque HP, agrémentée d'un disque dur de 40 Go, d'une mémoire vive de 512 Mo, d'un logiciel ad hoc et d'une connexion sécurisée par GPRS.

Selon Eurovia, cet équipement vise à replacer ces personnels au coeur de l'entreprise. En clair, faire en sorte qu'ils soient à la fois sur le terrain et au bureau. Pour cela, ils bénéficient d'un accès permanent à l'intranet et à la messagerie de l'entreprise. Ils peuvent coordonner en temps réel la gestion des différents intervenants sur un chantier, puis transmettre leur rapport journalier à l'agence de travaux (300 dans l'Hexagone) à laquelle ils appartiennent.

Initié par un groupe de travail composé de techniciens, le projet Papyrus a aussi été supervisé par la DRH. Michel Gili, DRH d'Eurovia, a, par exemple, porté une attention particulière à ce que les chefs de chantier aient bien accès à l'ensemble des applications RH (mobilité interne, prévoyance, retraite, épargne salariale...) disponibles sur l'intranet. « Comme une population nouvelle allait accéder de façon permanente à l'intranet, nous avons également été contraints de réfléchir à la conception de notre portail RH », indique-t-il.

Pour Michel Gili, Papyrus doit aussi permettre de mieux diffuser à cette population fort éclatée - Eurovia réalise chaque année 3 000 chantiers - la culture de l'entreprise. Autre avantage : en offrant aux chefs de chantier un équipement haut de gamme, l'entreprise participe à la valorisation de cette fonction cruciale pour son activité. « Je suis également convaincu que Papyrus va doper notre image auprès des candidats », souligne le DRH.

A son grand étonnement, « il n'y a pas eu de blocage relatif à l'utilisation de l'outil et ce, même pour les salariés plus âgés ». En outre, la peur du flicage a été rapidement évacuée. « Certes, les chefs de chantier sont obligés d'utiliser ce nouveau matériel pour rédiger leur rapport, mais ils disposent d'une grande autonomie pour le faire. Par exemple, il n'y a aucune obligation de se servir de la tablette tous les jours à une heure donnée. »

Au total, Eurovia a investi 400 000 euros pour le développement du projet Papyrus, sans compter le coût de la tablette PC qui s'élève tout de même à 4 200 euros l'unité. Inutile de préciser que l'entreprise de travaux publics escompte, en retour, une amélioration de sa performance.