Quand les salariés de l'usine Owens Corning de L'Ardoise (30) ont mal au dos, ils peuvent consulter un ostéopathe aux frais de l'entreprise. C'est l'une des mesures prises depuis deux ans par la direction de ce site de 283 personnes, spécialisé dans la fabrication de fibres de verre, afin de juguler l'absentéisme. Fin 2002, une équipe remaniée (nouveau directeur, nouvelle DRH) prend les rênes de cet établissement appartenant au groupe américain Owens Corning. Elle découvre une situation préoccupante : le taux d'absentéisme atteint près de 14 %. En cause : les maladies et les accidents du travail. Premier constat : les pathologies du dos sont nombreuses. L'entreprise, en accord avec le CHSCT, signe une convention avec un ostéopathe. Celui-ci s'engage à recevoir rapidement les salariés qui le demandent (après avoir été vus par le médecin du travail) ; 56 personnes auront consulté cette année, contre 49 en 2003.

Autre caractéristique de l'usine : une moyenne d'âge élevée (44 ans) augmente les risques d'infarctus et de maladies cardio-vasculaires. L'entreprise lance donc des actions préventives en matière d'alimentation et de tabagisme. Les menus du restaurant d'entreprise sont revus : poisson et légumes verts sont proposés tous les jours. Le CHSCT mène une campagne de sensibilisation sur l'importance du petit déjeuner. « Les accidents du travail se produisent en majorité avant le déjeuner, quand le risque d'hypoglycémie est important, et après le repas, quand le danger vient de la somnolence », souligne Carole Pagis, la DRH. Avec la CPAM du Vaucluse, un programme est élaboré pour aider les fumeurs volontaires à se sevrer. L'entreprise finance les patchs. Une vingtaine de salariés se sont inscrits.

Owens Corning établit aussi un contact avec les médecins généralistes, qui sont invités à découvrir les conditions de travail dans l'usine. Parallèlement, l'écoute et le suivi des salariés sont renforcés. Une personne en retour d'arrêt maladie a systématiquement un entretien avec son supérieur hiérarchique. A partir de quatre arrêts, il rencontre la DRH. « L'objectif est de faire un point sur la situation du salarié. Ce n'est en aucun cas disciplinaire », précise Carole Pagis.

Les actions ne se limitent pas à la santé : un accord Cats (cessation anticipée d'activité) a été signé, permettant à 30 salariés de partir en retraite à 57 ans, entre septembre 2003 et juillet 2006. Du coup, des postes se libèrent, favorisant les perspectives d'évolution et donc la motivation des collaborateurs. Le bilan de ces actions est largement positif : le taux d'absentéisme est tombé à 6 % en 2004. L'usine gardoise ne compte pas s'arrêter là. Courant 2005, une campagne sur la sécurité routière va être lancée.