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Entreprises et salariés se mobilisent

L'actualité | L'événement | publié le : 11.01.2005 | Sandrine Franchet, Céline Lacourcelle, Guillaume Le Nagard, Jean-François Rio

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Entreprises et salariés se mobilisent

Crédit photo Sandrine Franchet, Céline Lacourcelle, Guillaume Le Nagard, Jean-François Rio

Au sein des entreprises françaises, directions et salariés multiplient les gestes de solidarité, que ce soit sous forme de dons en argent ou en nature, mais aussi mobilisent leurs compétences professionnelles, en France et dans les zones sinistrées.

Dès le lendemain de la catastrophe, qui a fait plus de 150 000 morts, principalement en Indonésie, au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande, mais aussi plusieurs millions de victimes (blessées, déplacées...) dans tous les pays riverains de l'océan Indien, de grands groupes français (Michelin, PPR, Carrefour...) annonçaient d'importantes aides financières.

C'est le cas de Total, très présent en Indonésie (4 000 salariés), mais qui n'a déploré aucune perte humaine ni dommage matériel : « Nous avons immédiatement fait un don de 100 000 euros à la Croix-Rouge française, de 500 000 dollars à la Croix-Rouge indonésienne, et un autre de 400 000 dollars, à un fonds d'aide gouvernemental en Thaïlande, explique la direction de la communication. Nous réfléchissons, actuellement, à développer cette contribution. »

Dons en nature

Certaines entreprises (Sanofi-Aventis, Danone, Système U...) ont privilégié les dons en nature, d'autres apportant leur savoir-faire logistique et technique. C'est le cas, par exemple, du Centre national d'études spatiales (Cnes), qui fournit des images satellites permettant une analyse des dégâts et des besoins, ainsi que du matériel de télémédecine. DHL a, quant à elle, affrété des vols pour acheminer vivres et matériels de secours.

De leur côté, les salariés ne sont pas en reste. Certains comités d'entreprise décident, ainsi, de mobiliser leur budget au profit des victimes. Celui de Dassault Aviation Biarritz s'est réuni, le 6 janvier dernier, pour convenir de s'associer à la relance économique des pays sinistrés en débloquant 10 euros par salarié sur la ligne budgétaire «secours exceptionnel». Le site basque de l'avionneur comptant 1 000 salariés, ce seront quelque 10 000 euros qui seront adressés à la Fondation de France pour le financement d'un projet de reconstruction. Et peut-être davantage. Les salariés pourront, en effet, abonder s'ils le souhaitent. Une urne est, d'ores et déjà, à leur disposition au CE.

Dans de nombreux cas, ces collectes internes sont abondées par la direction, à l'instar de la Société générale : à l'initiative de la direction Asie, les 15 pays couvrant la zone asiatique ont organisé une collecte de dons de salariés, dont le montant sera abondé à 100 % par l'entreprise. En France, une collecte similaire a été mise sur pied à l'initiative de Talents et Partage, une association destinée à soutenir des projets à vocation humanitaire de salariés et anciens salariés de la Société générale. Là encore, la banque abondera la collecte.

Salariés impliqués dans l'humanitaire

Chez Schneider Electric (3 500 salariés travaillant dans la zone des tsunamis, tous sains et saufs), le dispositif est plus sophistiqué : la direction va désigner très prochainement 20 salariés «pilotes» (déjà impliqués dans l'humanitaire), chargés de sélectionner une vingtaine de projets de reconstruction. Ces projets seront décrits par le groupe dans un catalogue diffusé à l'ensemble de ses 450 sites, dans 130 pays. Chacun d'eux en choisira un, qu'il présentera, le 18 janvier prochain, aux salariés. Durant toute cette journée, les salariés seront invités à le soutenir financièrement. La direction locale y ajoutera, ensuite, sa participation. L'ensemble des dons convergera vers la Fondation Schneider Electric qui, à son tour, abondera. « Au total, nous prévoyons de distribuer 2 millions de dollars aux associations en charge des 20 projets retenus. Tout au long de l'année, des salariés bénévoles de notre entreprise, présents dans la zone, seront chargés de suivre leur mise en oeuvre et d'informer l'ensemble de leurs collègues », détaille Gilles Vermot-Desroche, directeur du développement durable.

Compétences professionnelles

C'est aussi pour leurs compétences professionnelles que les salariés sont mis à contribution. Comme chez Michelin, qui compte 12 000 salariés en Asie (mais n'a pas été directement affecté par le tsunami). En Thaïlande, alors que le site du spécialiste du pneu se trouve au centre du pays, de nombreux collaborateurs sont venus se mettre à la disposition des autorités et des délégations consulaires : souvent polyglottes, ils aident aux opérations d'identification, de localisation et de mise en relation des blessés.

« Nous avons deux implantations en Indonésie, explique-t-on, par ailleurs, chez Suez. Onze salariés de ces filiales locales ont été sollicités par le gouvernement indonésien pour réhabiliter et faire fonctionner une installation d'eau potable dans le nord de Sumatra. En France, c'est par le biais de l'association de salariés bénévoles Aqua Assistance que nous allons envoyer des techniciens et 8 tonnes de matériel (mini stations de potabilisation, citernes, pompes...) vers l'Indonésie et le Sri Lanka. De nombreux volontaires ont déjà été mobilisés pour préparer les envois. Dans ces circonstances exceptionnelles, ces collaborateurs ne prendront pas sur leur temps personnel mais seront détachés par l'entreprise. »

Evaluation des besoins

C'est également par le biais de sa cellule humanitaire, Veolia Water Force, que l'autre leader du marché de l'eau offre son aide, tant pour l'évaluation des besoins que pour l'assistance technique. « Nous travaillons en partenariat avec la Croix-Rouge et avec la cellule gouvernementale de coordination des secours, précise la direction de Veolia Water. Pour l'instant, même si de nombreux salariés se sont portés volontaires, seul un petit groupe de chargés de mission permanents est parti, pour mettre en place de petites unités mobiles de traitement de l'eau, et encadrer une équipe de la Croix-Rouge qui a acheminé une unité plus importante. Nous avons également fait parvenir plusieurs dizaines de m3 de produits de désinfection de l'eau. »

Sociétés d'assistance

Autres spécialistes également à l'oeuvre dans la zone : les sociétés d'assistance. C'est le cas d'International SOS, qui a déployé un dispositif d'urgence sanitaire et de rapatriement dans la première semaine. Cette société a, ensuite, mis des ressources à disposition, notamment, des délégations consulaires. « Pour l'identification et la localisation des personnes disparues ou des blessés, nos médecins ont fait le tour des sites et nous avons accueilli et appuyé les délégations consulaires, française ou étrangères, de même que les membres de certaines ONG à leur arrivée », ajoute Stéphane Baj, directeur du développement de International SOS.

Mise à disposition de salariés

La profession pharmaceutique, elle aussi, s'organise. L'association humanitaire Tulipe, fondée il y a vingt ans sous la houlette du Leem, l'organisation professionnelle qui regroupe les laboratoires, a dépêché au Sri Lanka deux spécialistes des premiers secours. Leur rôle : veiller à la distribution des 4 tonnes de médicaments déjà envoyées dans ce pays et évaluer les besoins à venir.

« Nous avons, par ailleurs, sollicité les entreprises adhérentes en moyens humains. Il est clair que nous avons besoin de pharmaciens, notamment pour ce qui concerne le contrôle de l'utilisation des médicaments. Les entreprises pourraient, ainsi, décider de mises à disposition de certains de leurs salariés sur une période donnée », explique Jérôme Soletti, responsable des relations avec les associations au sein du Leem. Car, au-delà de l'urgence, l'aide à la reconstruction des pays victimes de la catastrophe sera un chantier de long terme. Il reste donc à espérer que, même lorsqu'elles ne feront plus «la Une», les entreprises poursuivront leur engagement.

Lafarge et Accor directement touchés par la catastrophe

Chez Lafarge, qui compte de nombreux sites en Asie du Sud (Sri Lanka, Maldives, Indonésie, Thaïlande), 341 collaborateurs de la cimenterie de Banda Aceh, dans le nord de l'Indonésie, étaient toujours portés disparus le 7 janvier dernier. Dès les premiers jours qui ont suivi le drame, la direction a mobilisé des équipes médicales et de sauvetage sur le site, et apporté, dès que possible, l'aide nécessaire aux familles sur place.

Profitant des moyens logistiques propres aux grandes industries cimentières, elle a été l'une des premières à déployer, notamment en Indonésie et au Sri Lanka, des dispositifs d'aide aux populations, entre autres pour la distribution d'eau et de nourriture, en organisant des rotations d'hélicoptères. Lafarge finance, par ailleurs, du matériel de pompage, de filtrage et de distribution d'eau que l'entreprise demande à son assisteur, International SOS, de mettre à sa disposition.

Autre entreprise directement affectée : Accor, dont 50 des 320 salariés qui travaillaient dans le Sofitel de Khao Lak, sont morts ou disparus. « Dans les premières heures, les équipes présentes en Thaïlande ont été envoyées sur place pour gérer la logistique et accueillir les familles des victimes, en lien avec une cellule de crise à Paris, explique la direction. Dans un second temps, nous avons assisté à un élan de solidarité dans tout le groupe, où des salariés et des hôtels ont voulu venir en aide aux collaborateurs et aux populations sinistrées : nous avons donc mis en place un fonds de solidarité pour accueillir ces initiatives, mais avons aussi renvoyé vers deux associations partenaires, la Croix-Rouge et Plan international (parrainage d'enfants). »

Auteur

  • Sandrine Franchet, Céline Lacourcelle, Guillaume Le Nagard, Jean-François Rio