E & C : Où en est la fonction communication interne ?

P. L. : Longtemps habituée à se complaire dans des descriptions idylliques, elle s'est attachée, ces dernières années, à aborder la compétitivité économique sur les marchés. Mais, aujourd'hui, elle a les plus grandes difficultés à aborder les complexités de la mondialisation, la financiarisation et le surgissement brutal, en France du moins, du pouvoir des actionnaires. Ce devrait être des chantiers prioritaires.

E & C : Quels devraient être les nouveaux thèmes abordés ?

P. L. : Je citerais la retraite, la prévoyance et l'épargne salariale, parce que ce sont des domaines où l'entreprise apporte un «plus» objectif à ses salariés, mais sans bien communiquer dessus. Autres thèmes mal abordés : les finalités et l'éthique de l'entreprise.

E & C : Les nouvelles technologies ont-elles réellement donné une nouvelle dynamique à la communication interne ?

P. L. : Elles apportent une aide technique considérable - diffusion, remontées... - mais pas une dynamique. Le format écran réduit leur capacité pédagogique. Elles ont tendance à renforcer la centralisation. Les échanges sur écran sont parfois brutaux et impersonnels.

E & C : La professionnalisation des responsables de communication interne se confirme-t-elle ?

P. L. : Elle a beaucoup progressé depuis une trentaine d'années. Fini les «bras cassés» ou les vieux serviteurs méritants. Une association comme l'AFCI a beaucoup contribué au mouvement. Les filières de formation qui se sont mises en place dans les universités aussi. Le problème est celui des évolutions de carrière. C'est une fonction de passage.

E & C : Les partenaires sociaux voient-ils toujours la communication interne avec méfiance ?

P. L. : Oui. Cependant, cette méfiance vis-à-vis d'actions dans lesquelles ils n'ont vu, pendant longtemps, qu'une propagande primaire, est moins forte qu'autrefois. Ils ne contestent plus le droit des entreprises de s'adresser directement à leurs salariés. Cela étant, ce que pensent et disent les représentants du personnel, qui sont beaucoup plus conscients qu'autrefois des contraintes et des principes de fonctionnement des entreprises, devrait susciter davantage d'intérêt de la part des responsables de com'interne. Car ils abordent souvent les vraies questions.

(1) Ancien directeur de la communication interne du groupe Danone, auteur de L'intelligence des autres (Dunod).