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Les Pratiques

Les dommages collatéraux d'une fusion

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 21.12.2004 | M.-P. V.

170 licenciements. Telle est l'ardoise laissée par la fusion, annoncée fin 2002, du CFCE (Centre français du commerce extérieur) et d'UBIFrance et par la délocalisation partielle à Marseille de l'établissement né de ce regroupement.

Le 20 octobre dernier, François Loos, ministre délégué au Commerce extérieur, inaugurait le nouvel établissement marseillais d'Ubifrance-Agence française pour le développement international des entreprises. Sur place, 70 salariés qui ont quitté le site parisien et emménagé dans la cité phocéenne. Pour compléter l'effectif, 60 personnes sont recrutées localement. Mais la médaille a son revers : à Paris, 170 salariés ont été licenciés.

Plan de réduction

La délocalisation n'est pas seule responsable de ce plan social. Il fait suite à une restructuration annoncée il y a deux ans. Dans le cadre d'une réforme générale du dispositif public d'appui au développement international des entreprises, la décision est prise de fusionner le CFCE (Centre français du commerce extérieur), Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) chargé de l'information, et l'association UBIFrance, responsable des activités de promotion. Le nouvel ensemble s'appellera Ubifrance. A la veille de l'été 2003, la direction générale dévoile le plan de réduction du personnel qui accompagnera la fusion : suppression de 120 postes sur un total de 600, à l'horizon 2004, recrutement de 20 commerciaux et délocalisation de 130 postes à Marseille pour développer l'activité en direction des pays méditerranéens.

Aujourd'hui, la procédure collective de licenciement économique est en cours. Sur la base du volontariat, une trentaine de personnes quittent l'agence chaque mois depuis septembre. Une antenne emploi confiée à Right Garon Bonvalot a été ouverte. « Contrairement au souhait du CE, ce cabinet est simplement tenu de présenter deux offres valables d'emploi », déplore Didier Cros, délégué syndical FO et secrétaire adjoint du CE.

Concrètement, « le plan social prévoit notamment des indemnités de licenciement améliorées allant jusqu'à 24 mois en fonction de l'ancienneté, des mesures d'âge, des incitations à la création d'entreprise et une offre de reclassement en CDD de trois ans dans la fonction publique que très peu de personnes ont acceptée », énumère Bernard Coucoureux, DRH d'Ubifrance. « Finalement, le nombre de volontaires au départ s'est révélé supérieur à l'objectif fixé par la direction. C'est ce qui a permis à 10 des 60 personnes qui ont refusé leur mutation à Marseille de rester travailler sur Paris après un reclassement interne », ajoute Didier Cros.

Mais, à bien des égards, cette opération reste en travers de la gorge des syndicats. « Le décret qui entérine la délocalisation et autorise le transfert de personnel n'a été publié au Journal officiel que le 30 janvier 2004. La direction a alors tout réglé en neuf mois, au prix d'une marche forcée », signale Didier Cros, dénonçant aussi la faiblesse des mesures de compensation. « Ubifrance a seulement concédé une indemnité financière, pris en charge le déménagement et chargé le cabinet Frayssinet & Associés de reclasser les conjoints. » Aucun billet retour n'est prévu : la mutation est définitive, il n'y a aucune possibilité de retour à Paris.

Le cabinet Unicil a été chargé d'aider les arrivants à trouver un logement. « Efficace, concède le secrétaire adjoint du CE, mais débordé. Nous regrettons aussi que la Ville de Marseille n'ait pas fait grand-chose pour attribuer un logement HLM aux personnes qui perçoivent de petits salaires. »

Une bonne intégration

A Marseille, Ubifrance a pris ses quartiers sur la zone d'aménagement public Euroméditerranée. Les nouveaux bureaux abritent les platesformes d'information économique, juridique et réglementaire, le service d'information sur les marchés extérieurs, la direction des études et de l'analyse concurrentielle, le département du VIE (Volontariat international en entreprise), les services financiers et comptables et un pool technico-commercial. « L'intégration se passe bien. Les volontaires à la délocalisation continuent en grande majorité à exercer le même métier qu'à Paris, indique Annick Rousset, directrice de l'établissement marseillais. Les recrutements sont en cours. Ils concernent, en grande partie, des postes à caractère commercial ouverts, selon les métiers, à des jeunes diplômés ou à des professionnels expérimentés de niveau bac + 4 ou + 5. C'est le niveau que possèdent la plupart de nos collaborateurs. »

Aujourd'hui, 45 personnes sont inscrites à l'antenne emploi. « Il y en aura encore certainement 15 de plus avec les derniers départs. Certains ont retrouvé du travail, avec ou sans l'aide de l'antenne-emploi, mais il est encore trop tôt pour faire le compte », précise le DRH.

Harmonisation

Reste à recréer de l'unité au sein d'Ubifrance. « Les deux anciens systèmes de gestion du personnel, celui du CFCE et celui d'UBIFrance, continuent à coexister. Ainsi, les uns sont payés sur douze mois et demi, les autres sur treize et demi. Les accords 35 heures ne sont pas les mêmes non plus », avertit Didier Cros. Selon Bernard Coucoureux, l'harmonisation devrait avoir lieu en avril 2005. « Nous sommes en train de négocier une nouvelle convention d'entreprise. Les agents de l'ex-CFCE conserveront un droit d'option, c'est-à-dire qu'ils pourront décider de continuer à bénéficier de leurs anciens accords. Mais nous espérons qu'un maximum d'entre eux opteront pour la nouvelle convention. »

Auteur

  • M.-P. V.