Le contrat social d'un pays est l'ensemble des règles du jeu qui précisent les droits et les devoirs de chacun. Or, pour Hervé Sérieyx, ce contrat est aujourd'hui menacé sur les trois fronts de la liberté, de l'égalité et de la fraternité (solidarité).

Dans l'entreprise, la conception anglo-saxonne du «tout-actionnaire» remet en cause l'emploi salarié sur lequel repose, en France, l'essentiel du financement de nos systèmes de solidarité.

Le dépérissement de l'Etat devant les prérogatives européennes, d'une part, et régionales, d'autre part, lui ôte les moyens de réaménager aussi bien le système de la justice que les centaines de quartiers qui tombent aujourd'hui en déshérence. Enfin, le système éducatif, à bout de souffle, ne fournit plus à chacun les bases de l'égalité des chances.

La déstructuration de la société relève, aujourd'hui, de la situation d'urgence et justifie le «coup de gueule» d'Hervé Sérieyx contre l'Etat, incapable de garantir notre contrat social, et contre l'entreprise qui, au nom du libéralisme, ne cesse de le mettre à mal.

Pour l'auteur, en effet, la sacro-sainte flexibilité mine la sécurité des personnes. Les comptables sont aux commandes et les syndicats ne remplissent plus leur rôle. Résultats ? Les seniors fuient l'entreprise ou sont poussés dehors, et les jeunes renâclent à y entrer. A l'horizon, se dessine une société de violence qui déborde largement le cadre des banlieues et contre laquelle il n'est que temps de réagir, en commençant, pour chacun, par en assumer sa part de responsabilité.

Ancien chef d'entreprise, haut fonctionnaire et professeur d'université, Hervé Sérieyx est un acteur et un observateur de notre temps dans le triple champ de l'entreprise, de l'éducation et de l'Etat.