logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Plus de 700 départs sans licenciement sec

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 14.12.2004 | Christian Robischon

Alcatel a réussi la gestion sociale de l'arrêt de sa production en Alsace, effective depuis le 1er décembre. Généreux avec les partants, il a mis en place des mesures d'âge, de l'outplacement individuel et des reclassements collectifs dans des entreprises existantes ou attirées sur place.

«Objectif atteint : nous n'avons laissé personne sans solution. » Bernard Cammas, le combatif directeur d'Alcatel à Illkirch (67), peut afficher sa satisfaction au moment où prennent fin tant la production du site alsacien que la reconversion de son personnel, engagée voilà plus de deux ans. Sur les 773 salariés que comptait la division industrielle du site début 2002, seuls 22 - tous cadres ou Etam - n'ont pas encore trouvé de solution de reclassement (lire encadré). Neuf autres ont été licenciés, mais après avoir refusé une offre.

De fortes indemnités

Pour parvenir à ce bilan, Alcatel a déployé une palette de moyens très variés. Son PSE prévoit tout d'abord un dispositif de préretraite spécifique. La dernière variante, la «PRT» (préretraite totale) a organisé le départ des salariés dès l'âge de 53 ans (et même 49 ans pour les «longues carrières» depuis la réforme Fillon). Le bénéficiaire perçoit une indemnité, puis une rente basée sur le salaire et un forfait, jusqu'à l'âge légal de la retraite. « Au total, il retrouve l'équivalent de 80 % à 90 % de son salaire », calcule Alain Hurstel, responsable CFDT du site. D'autre part, 272 salariés ont bénéficié d'une aide au reclassement individuel. « Il s'agissait d'un vrai volontariat, car les départs étaient conditionnés à la présentation d'une proposition valable d'emploi (PVE) : CDI, CDD débouchant sur un CDI, ou création d'entreprise », reconnaît Alain Hurstel. La PVE devait répondre à trois critères : adéquation aux compétences ou aptitudes du candidat, localisation dans un rayon de 50 kilomètres et perte éventuelle de salaire égale à 20 % au maximum. Les reclassés ont perçu une indemnité de licenciement, comprenant une part fixe et une part variable selon l'ancienneté. « En général, la somme a atteint ou dépassé 50 000 euros », indique Jacques Frank, délégué CFE-CGC.

Perte d'avantages

Mais ce qui distingue le travail d'Alcatel, c'est la réembauche «en bloc» de salariés, dans quatre entreprises nouvellement implantées ou plus anciennes. Le groupe a notamment recherché et trouvé deux sociétés d'électronique qui se sont installées à proximité en faisant appel aux anciens d'Illkirch : Asteel et Oristano en ont embauché respectivement 130 depuis le 1er octobre, et 60 depuis le 1er décembre. Les ex-Alcatel ont toutefois perdu une partie de leur rémunération et de leurs avantages sociaux, que les syndicats s'efforcent de reconquérir. Mais le Pdg d'Asteel, Gilles Benhamou, refuse de négocier les salaires : « Ils sont conformes à notre grille. Nous n'avons pas repris les contrats de travail, mais créé une nouvelle société. Les personnes ont posé leur candidature en connaissance de cause. » Asteel instaurera tout de même une mutuelle. L'entreprise exclut un 13e mois, « mais l'intéressement peut apporter une somme équivalente, selon les résultats du site », indique le Pdg. En fait, Alcatel compense en bonne partie l'écart de salaire pendant deux ans, car il prend à sa charge l'allocation temporaire dégressive (ATD, habituellement versée par les Assedic), aussi bien dans les reclassements collectifs que dans ceux restés individuels.

Les syndicats relèvent, par ailleurs, « les bonnes conditions sociales mises en oeuvre » (Dominique Schaeffer, CGT), « l'effort financier du groupe » (Jacques Frank), et « le temps laissé par Alcatel à chacun pour trouver une solution » (Alain Hurstel). Mais ils s'interrogent sur la solidité des reprises partielles, « en particulier celle d'Oristano, une société de construction très récente », rappelle Dominique Schaeffer.

22 salariés encore en recherche active

Pour le dernier groupe de 22 salariés sans solution, le reclassement ne serait qu'une question de temps. « Leur recherche active d'emploi ne date que de la rentrée », observe Guy Richard, dirigeant de JRH, le cabinet retenu pour l'outplacement. Avec son confrère Managing, JRH animera le congé de reclassement de 5 à 8 mois à partir du 1er janvier. Bernard Cammas se montre optimiste : « Les compétences de ces cadres et Etam ne posent pas problème. Nous espérons en reclasser plus des trois quarts en quatre mois. »

Le PSE en chiffres

Sur les 773 salariés qu'employait la division industrielle d'Alcatel/Illkirch début 2002, on dénombre 272 reclassements individuels, 228 départs en préretraite, 201 reclassements collectifs, 36 mutations internes, 9 licenciements pour refus d'une offre de reclassement, 5 maladies longue durée et 22 congés de reclassement. Début 2004, la division comptait encore 465 personnes. L'ensemble des reclassements collectifs se sont opérés cette année, dont 190 chez Asteel et Oristano et 11 dans deux entreprises locales.

La production de terminaux téléphoniques, qui a succédé à celle de GSM, s'est achevée le 1er décembre. A Illkirch, Alcatel continuera à employer environ 700 personnes dans la recherche-développement, l'informatique et des services administratifs.

Auteur

  • Christian Robischon