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Les Pratiques

Les candidats sur la ligne de départ

Les Pratiques | Point fort | publié le : 14.12.2004 | Marie-Pierre Vega

Pour développer l'attractivité des territoires et lutter contre les risques de délocalisation, le gouvernement veut soutenir la constitution de pôles de compétitivité. Un premier appel à projets vient d'être lancé. Plusieurs candidats se sont déjà déclarés.

C'est la nouvelle arme de Matignon dans sa lutte contre les délocalisations : les pôles de compétitivité. Dans trois ans, la France devrait en compter une dizaine. De quoi s'agit-il ? D'un dispositif incitant entreprises, centres de formation et unités de recherche d'un même territoire à associer leurs ressources humaines et matérielles autour d'un projet de recherche & développement innovant. L'objectif : « Déboucher, à plus ou moins brève échéance, sur une innovation génératrice d'une production industrielle ou d'une amélioration du process », indiquait le Ciadt (Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire), le 14 septembre dernier. Les candidats ont jusqu'au 28 février 2005 pour déposer leur dossier auprès de la préfecture de région. Ils doivent répondre au cahier des charges défini dans l'appel à projets qui vient d'être mis en ligne sur le site de la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) et sur celui du ministère de l'Industrie. Une fois sélectionnées par les préfets, les candidatures seront examinées par un groupe de travail interministériel qui rendra sa synthèse en mai. Le Ciadt labellisera les premiers pôles à l'été 2005.

Les projets retenus bénéficieront de subventions publiques, d'exonérations fiscales et d'allègements de charges sociales. Des systèmes de financement et de garantie spécifique seront mis en place. Au total, le gouvernement prévoit une enveloppe de 750 millions d'euros sur trois ans, dont 370 millions provenant du budget général de l'Etat. Le reste sera apporté par des établissements publics comme la Caisse des dépôts et consignations ou l'Anvar (Agence française de l'innovation).

Les candidats potentiels sont nombreux, mais peu seront élus. Certains se sont précipités un peu trop vite, comme le conseil général de la Somme. Après s'être déclaré candidat pour un pôle sur l'agroalimentaire, il revoit ses prétentions à la baisse. « Le pôle devra avoir un rayonnement international. A lui seul, notre projet Agro-Sphère ne satisfera pas ce critère. Nous avons l'ambition d'être une composante d'un pôle élargi à six ou sept départements et de profiter de cette opportunité pour accélérer le développement économique de la Somme. Sur cette filière, nous avons identifié un potentiel de 500 créations d'emploi », note Pierre-Marie Lamellière, directeur de projet au département.

Potentiel de croissance

De fait, les favoris seront « les projets concrets les plus avancés et au potentiel de croissance en emplois marchands à horizon de deux à cinq ans réellement les plus importants », selon les termes de l'appel à projets. Ce pourrait être le cas du pôle de micro et nanotechnologies de Grenoble, de l'aéronautique à Toulouse ou des microtechniques en Franche-Comté. Cette région semble avoir aussi ses chances dans l'automobile, un secteur sur lequel elle fait cause commune avec l'Alsace depuis 1997. Ce pôle constitue le deuxième territoire français en termes d'emplois liés à l'industrie automobile. Il regroupe les deux sites PSA Peugeot Citroën de Mulhouse et de Sochaux, les principaux équipementiers, comme Faurecia, et 400 entreprises de sous-traitance. Au total, 87 000 salariés dont 4 000 cadres en R & D et une vingtaine d'équipes de recherche publique appliquée aux transports terrestres. Collectivités locales, CCI et agences de développement économique y sont également associées. « Nous voyons dans les pôles de compétitivité l'opportunité de renforcer les partenariats de recherche et de formation, de structurer la gouvernance de la filière et d'acquérir une visibilité qui générera de nouveaux marchés et l'implantation de nouvelles entreprises, et donc des emplois, explique Brigitte Morgulis, directrice d'Astrid, l'association qui anime le pôle. Nous avons déjà une bonne expérience des projets coopératifs de R & D de six mois à trois ans, dans lesquels les entreprises font appel aux compétences et aux moyens techniques des laboratoires universitaires. Nous avons aussi développé des modules de formation à la gestion RH appréciés des PME-PMI ou des formations à la carte destinées au personnel des ateliers, de la qualité, de la maintenance ou des achats. Des projets sont en cours, comme la création de licences professionnelles orientées sur nos métiers. »

Tours veut élargir sa base industrielle

Autre lieu, autre secteur d'activité : Tours, où STMicroelectronics, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) et l'université François-Rabelais ont bon espoir. Ils travaillent ensemble depuis 1996 sur des projets de R & D en microélectronique de puissance. En 2000, leur collaboration a donné naissance à un CNRT (Centre national de recherche technologique). Ils cherchent, aujourd'hui, à élargir la base industrielle de leur partenariat. « Nous avons identifié 70 industriels, employant 14 000 personnes, susceptibles de prendre part à un futur pôle de compétitivité de la région Centre consacré à la gestion de l'énergie électrique », explique Patrick Gallois, directeur de STMicroelectronics Tours.

Deux projets à Sophia Antipolis

Couramment citée également, la technopole de Sophia Antipolis. « Nous avons l'intention de déposer deux projets, l'un sur l'industrie du logiciel et les services de la société numérique, l'autre sur la création d'un centre de formation et recherches avancées », confirme Pierre Laffitte, président de la Fondation Sophia Antipolis, la structure chargée de l'animation scientifique et culturelle de la technopole. « Sophia a des atouts : elle n'a jamais enregistré de solde négatif en termes de sociétés ou d'emploi, ses implantations sont à caractère international, il y règne un état d'esprit entrepreneurial, des réseaux déjà très actifs... Mais le capital-risque reste frileux, comme partout en Europe, et la recherche publique est faible. Au final, les entreprises choisissent de poursuivre leur développement ailleurs. A Sophia, ce sera bientôt le cas d'Amadeus, spécialisé dans la réservation électronique. Ses projets de développement sont localisés aux Etats-Unis ou en Inde, pas en France. » Exactement ce que les pôles de compétitivité permettraient d'éviter. C'est, en tout cas, ce qu'espère le gouvernement, qui renouvellera son appel à projets à l'automne prochain.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega