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Les Pratiques

L'ANPE et l'intérim unis pour le meilleur

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.12.2004 | Marc Bertola

En 1994, l'ANPE de Perpignan propose aux agences d'intérim un accord de partenariat. Pari réussi : dix ans plus tard, le nombre d'agences partenaires a doublé.

L'ANPE et les agences d'intérim travaillant main dans la main : il y a dix ans, l'idée était osée. L'Agence nationale pour l'emploi de Perpignan a pourtant tenté le pari, en proposant aux entreprises locales de travail temporaire (ETT) une convention de partenariat. Le principe : les ETT communiquent leurs offres de mission non satisfaites à l'ANPE, celle-ci les diffuse et recherche dans son fichier des candidats à l'embauche. « C'est un partenariat gagnant-gagnant, explique Michel Cavallier, directeur délégué ANPE des Pyrénées-Orientales. Quand on veut, on peut trouver des complémentarités. »

Dix-huit partenaires

En dix ans, le nombre d'ETT partenaires de l'ANPE perpignanaise est passé de 9 à 18, soit la totalité de celles présentes sur le bassin d'emploi. Adecco, Adia, Vediorbis, Randstad, Manpower... Tous les grands noms participent à l'initiative. Rien que cette année, plus de 3 800 offres de mission auront été communiquées par les sociétés d'intérim, contre moins de 900 la première année. Et le taux de satisfaction des offres traitées dans le cadre du partenariat est éloquent : 96 %, selon l'ANPE. Par ailleurs, entre 40 et 45 % des offres concernent des missions longues (de trois à six mois), et les missions courtes « se transforment souvent en missions longues », constate Martine Saout, responsable de l'équipe intérim à l'ANPE perpignanaise. Principaux secteurs d'activité : distribution, bâtiment et transports. Des résultats d'autant plus significatifs qu'ils ont été obtenus dans un département qui compte 13,6 % de chômeurs...

Traitement en temps réel

Cette réussite est d'abord le fruit du climat de confiance instauré entre l'ANPE et les ETT. « Ici, à l'ANPE, on a trouvé des gens ouverts qui ont su nous écouter et qui ont compris notre besoin de réactivité dans le traitement des offres », témoigne Alain Raynaud, district manager de Randstad. L'ANPE a mis en place un traitement en temps réel des offres, avec confirmation par fax. Chaque mardi, les ETT reçoivent la visite de l'une des quatre conseillères de l'équipe intérim de l'agence Perpignan-Desnoyés, pour faire le point sur les offres à transmettre. « Cette présence physique est essentielle, explique Martine Saout. Il y a dix ans, on ne se connaissait pas. Aujourd'hui, on communique et tout le monde a compris que nous n'étions pas en rivalité. » Des réunions de travail sont également organisées pour analyser le marché local de l'emploi, organiser des actions collectives... « Chaque année, on passe 60 jours ensemble », résume Anicet Loembé, directeur de l'agence ANPE Perpignan-Desnoyés. Ces contacts répétés ont aussi des conséquences sur les relations des ETT entre elles : « Elles ont appris à travailler ensemble », se réjouit Martine Saout.

Partenariat gagnant

Dans ce partenariat, chacun y trouve son compte. Les professionnels de l'intérim augmentent leurs capacités de recrutement en bénéficiant d'une diffusion départementale des offres, et d'une présélection des candidats par l'ANPE. De son côté, l'ANPE dispose, grâce à l'intérim, de nouvelles solutions d'insertion pour les demandeurs d'emploi en difficulté. « Les missions d'intérim sont un tremplin vers le marché du travail. Elles permettent de reprendre contact avec l'entreprise, de se tester... », explique Martine Saout. Une démarche qui a la bénédiction des services de l'Etat : « Elle est dans la ligne de ce que l'Etat veut développer avec le plan de cohésion sociale », juge Anne-Gaëlle Baudouin, secrétaire générale de la préfecture des Pyrénées-Orientales. L'intérim étant un des éléments de la lutte contre le chômage. »

Le partenariat perpignanais a aussi facilité les actions de formation, en répartissant les coûts. Exemple : fin octobre, Enthalpia, société d'intérim, propose une mission dans les transports, mais la personne intéressée n'a pas sa Fimo (Formation initiale minimale obligatoire), indispensable pour rouler. Une formation de 156 heures est montée, cofinancée à 50 % par l'ANPE et, pour le reste, par l'Assedic et Enthalpia. Des dossiers de formation sont régulièrement montés dans le cadre de dispositifs SAE (stage d'accès à l'entreprise) ou AFPE (action de formation préalable à l'emploi). Objectif : pouvoir répondre à des demandes de plus en plus pointues. « Nous manquons de gens qualifiés », confirme Eleonore Rius, consultante Randstad à Perpignan.

L'ANPE perpignanaise veut désormais mettre à profit son alliance avec l'intérim dans des secteurs en mal de main-d'oeuvre, comme le BTP. Une action a été lancée en 2004 avec la Fédération du bâtiment, les ETT, l'Assedic et le FAF-TT (Fonds d'assurance formation du travail temporaire) pour financer des formations. Une douzaine de coffreurs-bancheurs (ouvriers du bâtiment) vont, ainsi, être formés début 2005.

Offres espagnoles

L'expérience commence à essaimer de l'autre côté de la frontière, en Catalogne espagnole. Une région qui cherche de la main-d'oeuvre : le taux de chômage y est deux fois plus bas que dans les Pyrénées-Orientales. La société d'intérim Randstad, présente à Gérone, Figueras et Barcelone, transmet des offres recueillies en Espagne à son agence perpignanaise, que cette dernière adresse, à son tour, à l'ANPE. Deux offres ont été satisfaites cet automne.

Auteur

  • Marc Bertola