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Les Pratiques

Chacun cherche son candidat avec son «chat»

Les Pratiques | Point fort | publié le : 30.11.2004 | José Garcia Lopez

De la police nationale au Club Med en passant par la BNP, les chats de recrutement sur le Web séduisent de plus en plus les entreprises. Soucieuses de se forger une image d'employeur dynamique, elles y voient aussi le moyen d'améliorer le sourcing des candidatures et de mieux identifier les besoins des futurs candidats.

Afin de mettre l'eau à la bouche de candidats cuisiniers potentiels, le Club Méditerranée a imaginé un chat destiné, selon Leslie Delamarre, chargée de recrutement, à « séduire les jeunes et à leur présenter les avantages qu'ils auraient à venir chez nous ». Les ingrédients ? Un thème, un GO (gentil organisateur) et un prestataire spécialisé dans ce genre d'événement. Menée en octobre dernier, l'opération avait pour objectif de contacter directement des candidats dans un corps de métier qui manque cruellement de bras et, au final, de recruter 200 cuisiniers. Pendant une heure et demie, un chef de cuisine expérimenté du Club Med a répondu en ligne à près de 300 visiteurs. Un chiffre qui satisfait Leslie Delamarre : « S'il est trop tôt pour mesurer les retombées en termes de recrutement effectif, nous avons d'ores et déjà pu communiquer sur nos méthodes de travail et nous nous sommes fait connaître en tant qu'employeur à part entière dans le secteur des métiers de bouche. » Organisée par Canalchat, l'opération a nécessité un investissement de 6 000 euros, hors frais de communication. Un deuxième chat, prévu en février 2005, sera consacré aux métiers du sport. Il permettra, lui aussi, de « prendre le pouls des candidats et de mieux cerner leurs attentes ».

« Se faire connaître, établir un premier contact avec les futurs candidats, et en savoir plus sur le marché de l'emploi » sont aussi les objectifs poursuivis par Pimkie. L'entreprise de prêt-à-porter organise elle-même ses chats depuis plus d'un an. Ils portent sur différents thèmes : aide à la recherche d'emploi, les métiers des achats, réussir son entretien d'embauche... A chaque occasion, le personnel RH est mobilisé et répond aux internautes pré-inscrits sur le site. Avec cinq campagnes à son actif, Pimkie privilégie la proximité et le dialogue : « Nous misons sur les facilités offertes par Internet : un retour rapide et pas de tabou », explique Nathalie Demartis, chargée de recrutement. Le chat ne peut être comparé aux autres outils de recrutement : « L'échange est informel. Le candidat peut poser des questions qu'il n'aborde pas spontanément en entretien : la rémunération, ses craintes... »

Un dialogue simple en temps réel

Selon Myriam Ferville, directrice générale adjointe en charge des nouvelles technologies à l'agence de conseil RH Guillaume Tell, l'un des intérêts de l'outil réside justement dans sa capacité à générer « un échange en temps réel, simple et dans un langage naturel ». Sans être un nouveau mode de recrutement à proprement parler, cela reste « un excellent moyen de mettre en rapport l'entreprise avec les candidats. » « C'est un instrument qui permet d'affiner les candidatures. Avec le chat, les bonnes personnes reçoivent les bons CV. D'autre part, le recruteur peut aussi récupérer des données utiles sur l'âge ou le niveau d'études », observe, de son côté, Vanessa Miranda, chargée de clientèle à Canalchat.

La police nationale (lire p. 30) et l'armée de terre ont bien compris tous les bénéfices - ne serait-ce qu'en termes d'image - qu'elles pouvaient tirer de ce canal de communication. Depuis 2003, l'armée de terre a, ainsi, pratiqué plus d'une dizaine d'«Opérations T'chats» pour fidéliser ses éventuelles recrues. « Il s'agit d'instaurer un dialogue permanent avec les internautes qui entrent en contact direct avec les recruteurs », indique le lieutenant Gascon. La cible ? Les 17-25 ans, hommes et femmes, de niveau CAP à bac + 5. Selon le lieutenant Gauthier, qui coordonne ces actions, « avec le chat, il devient beaucoup plus facile de toucher les candidats ». Pour preuve, l'une des dernières opérations a réuni plus de 5 000 visiteurs sur trois jours, qui ont posé quelque 7 000 questions. L'événement a aussi eu des retombées sur la fréquentation du site, dont les connexions mensuelles sont passées de 70 000 à 90 000.

Campagne médiatique

Le succès des chats ne dépend pas seulement de la notoriété du site du recruteur. Myriam Ferville souligne l'importance « d'un plan média pertinent et d'un bon sourcing » comme facteurs de réussite. Ainsi, quinze jours avant le jour J, une campagne a lancé le chat du Club Med. Le dispositif comprenait une bannière publicitaire sur Keljob.com, un mailing envoyé aux cuisiniers inscrits sur ce site et un communiqué dans la presse quotidienne.

Cibler les internautes

Canalchat propose également du «marketing d'influence» : afin de promouvoir le chat, les communautés d'internautes susceptibles d'être intéressées (passionnés d'automobiles lors d'un chat Renault, par exemple) sont repérées et «infiltrées». A cet égard, observe Myriam Ferville, « une importante population de cadres expérimentés se servent des outils Internet pour se donner des conseils et changer d'employeur. Pour entrer en con-tact avec cette cible, mieux vaut donc éviter d'organiser un chat durant les heures de bureau ».

Auteur

  • José Garcia Lopez