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L'emploi senior en question mais sans réponse

L'actualité | L'événement | publié le : 30.11.2004 | Guillaume Le Nagard

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L'emploi senior en question mais sans réponse

Crédit photo Guillaume Le Nagard

La gestion des âges demeure largement ignorée des entreprises alors que le papy-boom approche, indiquent l'Igas et le COR. Pourtant, colloques et forums se succèdent et les acteurs de la société civile veulent aussi sensibiliser les entreprises.

Y aura-t-il une vie dans l'entreprise après 60 ans ? La réforme des retraites, qui a désormais deux ans, comme la perspective de pénuries de compétences liées au départ des baby-boomers, plaident en ce sens. Pourtant, aussi bien le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui se réunissait le 24 novembre dernier, que l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui rendait public, le 26 novembre, son rapport annuel, consacré cette fois à la gestion des âges, constatent que si le sujet a gagné en visibilité, les pratiques restent à la traîne. « La partie n'est pas gagnée », indique même le COR.

Pour l'heure, la vie dans l'entreprise se raréfie après 55 ans. En France, le taux d'activité des plus de 55 ans reste, en effet, l'un des plus faibles d'Europe, à environ 34 % en 2002, au 11e rang de l'Union. Or, la France s'est engagée à Stockholm, en mars 2000, sur l'objectif européen d'un taux d'activité de 50 % des 55/64 ans.

Enjeux

Les inspecteurs de l'Igas rappellent un certain nombre d'enjeux liés à ce dossier (pénurie de compétences avec des risques sur la croissance, thème des conditions de travail encore peu abordé...), mais ils ont aussi recensé les pratiques de la gestion des âges sur le terrain, et particulièrement auprès de quatre branches d'activité (secteur sanitaire et social, bâtiment, banque, et construction aéronautique).

Principal enseignement : malgré les principes de non-discrimination posés par le Code du travail, et en dépit des discours «politiquement corrects» des employeurs sur les pratiques d'embauche, un demandeur d'emploi de plus de 50 ans a cinq fois moins de chances qu'un chômeur de moins de 25 ans de trouver un emploi. Mêmes inégalités pour la formation continue : « A partir de 45 ans, l'accès à la formation décline dans toutes les catégories socio-professionnelles, avec une chute très marquée après 55 ans », indique le rapport.

Prise de conscience

Les inspecteurs ont néanmoins constaté une prise de conscience des enjeux de la gestion des âges dans les entreprises et les branches, même si la négociation collective en 2002 et 2003 lui a accordé très peu de place. La difficulté consistera à passer du diagnostic à l'action : les méthodes de gestion de carrière n'ont pas intégré la dimension de l'âge, l'idée de seconde carrière explorée par quelques entreprises ou branches se heurte à des difficultés de mise en oeuvre, le tutorat ne représentera pas une solution générale... En revanche, les territoires lancent des actions concrètes, notamment sur la base du programme européen Equal de lutte contre les discriminations, et des partenariats opérationnels avec le réseau Anact/Aract et, souvent avec, les organismes consulaires.

Les préconisations de l'Igas portent notamment sur la nécessité de mieux coordonner les actions locales (ce rôle serait dévolu aux Observatoires régionaux de l'emploi et de la formation) sur la mise en oeuvre de démarches contractuelles région/territoires/branches, sur le renforcement des Pare pour les plus de 45 ans, sur l'ouverture des débats sur la pénibilité. A l'instar du fameux exemple finlandais, mais aussi britannique, la sensibilisation des acteurs sociaux et de l'opinion paraît indispensable (formations pour l'encadrement et les CHSCT ; débat national sur la gestion des âges, sous l'égide du COR).

Sensibilisation

D'autres acteurs du monde associatif n'attendent pas pour faire progresser la sensibilisation. C'est le cas de l'Alliance pour la santé et l'avenir, qui organise, ce 30 novembre, un colloque intitulé «L'emploi après 50 ans», où interviendront, notamment, Yannick Moreau, présidente du COR, l'ancien commissaire au plan Jean-Baptiste de Foucault, le chercheur Serge Volkoff, le consultant Bernard Brunhes, ou encore Catherine Barbaroux, déléguée générale à l'emploi et à la formation au ministère de l'Emploi.

Bonnes pratiques

Cette initiative démontre le rôle que pourraient jouer les acteurs de la société civile dans un débat qui dépasse le cadre de l'entreprise. L'Alliance pour la santé et l'avenir, présidée en France par le professeur Françoise Forette, médecin et présidente du conseil de surveillance de l'hôpital de Broca, est une forme de think tank créée fin 2003, dans le cadre de l'International Longevity Center (ILC), association d'origine américaine qui a des antennes au Japon, en France et au Royaume-Uni. Ces organisations mènent des recherches sur la santé et l'activité des seniors et favorisent le partage des bonnes pratiques dans ce domaine. Les organisateurs du forum vont d'ailleurs lancer un appel en dix points en faveur de l'emploi des seniors.

Ces points, de «promouvoir le développement des compétences tout au long de la vie» à «accepter les différentes aptitudes au travail», en passant par «repenser les postes de travail», s'ils ne font que résumer les bonnes pratiques souhaitables mais rarement mises en oeuvre, ont le mérite de poursuivre une sensibilisation générale autour de l'entreprise.

Cyril de Montgolfier, DRH d'AXA France, doit apporter d'ailleurs, lors de ce colloque, le témoignage d'une société qui a su aborder efficacement la gestion des âges, tout en évitant de cibler une population particulière. L'accord Cap Métiers a, depuis un an, largement accéléré les mobilités internes volontaires, notamment au profit des plus de 45 ans (voir ci-dessous). Cas particulier ou bonne pratique reproductible ? Certains de ses confrères DRH le sollicitent déjà...

Auteur

  • Guillaume Le Nagard