Des 24 propositions remises, le 22 novembre, par Claude Bébéar au Premier ministre pour lutter contre les discriminations, seul l'anonymat des CV aura finalement retenu l'attention. « Au sein des grandes et moyennes entreprises, une cellule indépendante de la DRH pourrait recevoir les CV et les «anonymiser» avant de les transmettre à la DRH qui décidera de convoquer les candidats », souligne le rapport Des entreprises aux couleurs de la France. Celui-ci préconise d'étendre l'anonymat des CV aux cabinets de recrutement. Autres mesures envisagées par l'ancien Pdg d'AXA : favoriser l'accès à un premier entretien pour les diplômés bac +2 à bac +5 issus des quartiers sensibles ou encore promouvoir, au sein des entreprises, le recours à des « audits diversité ».

Autant de dispositions que l'entreprise peut prendre seule. Refusant le principe de discrimination positive, Claude Bébéar estime, en effet, que légiférer ne servirait à rien.

Ce n'est pas le sentiment de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée qui a voté, le 24 novembre, dans le cadre du débat sur le texte de cohésion sociale, un amendement de Françoise de Panafieu (UMP) qui imposerait, dans les entreprises de plus de 250 salariés, des CV ne comportant « ni le nom, ni le sexe, ni l'âge, ni la nationalité » du demandeur d'emploi. Selon cet amendement, qui n'a pas encore été voté par les députés, les informations du CV ne devraient plus être manuscrites et ne seraient « pas accompagnées d'une photographie du candidat ».

Une obligation qui s'appliquerait aussi aux organismes de placement. Le Syntec Recrutement, qui représente les cabinets de recrutement, a déjà fait savoir que l'anonymat des CV est une mesure « démagogique et contre-productive ».