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La tension monte A J-30

Dossier | publié le : 30.11.2004 | Laurent Gérard

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La tension monte A J-30

Crédit photo Laurent Gérard

L'enthousiasme des DRH vis-à-vis de la réforme de la formation retombe peu à peu, à mesure que cette dernière devient de plus en plus tangible. Points d'inquiétude : les impacts financiers et la complexité de la gestion. Les salariés et les représentants du personnel sont moins pessimistes, mais attendent de voir.

Plus elle avance, plus certains reculent. A un mois de la mise en oeuvre effective de la réforme de la formation professionnelle, la tension monte chez les DRH ; alors qu'un certain attentisme envahit les salariés et les représentants du personnel.

Selon une étude Cegos, en effet, 60 % des salariés jugent positifs les changements à venir, alors qu'ils étaient 85 % dans ce cas en 2003 ; 64 % d'entre eux pensent que la réforme et le DIF vont favoriser le développement des compétences tout au long de la vie. Wait and see, serait donc leur devise.

En revanche, l'avis des DRH sur la question est plus délicat à déchiffrer. En effet, selon un sondage CSA pour Alpha conseil, 71 % d'entre eux estiment que cette réforme est « une assez bonne chose » ; mais, selon l'étude Cegos, ils ne sont plus que 36 %, aujourd'hui, à juger la réforme très positive ou assez positive, alors qu'ils étaient 79 % dans ce cas en 2003. Il s'avère, par ailleurs, que les DRH sont de plus en plus réservés quant à la capacité de la réforme et du DIF à réduire les inégalités d'accès à la formation. Ils étaient, selon l'étude Cegos, 54 % à le penser en 2003, ils sont 51 % à l'heure actuelle.

Salariés dubitatifs

Sur ce point précis, il faut bien reconnaître que les salariés sont, eux aussi, moins enthousiastes. En 2003, 26 % d'entre eux étaient « tout à fait d'accord » avec l'idée que cette réforme serait une source de réduction des inégalités d'accès à la formation,. Ils ne sont plus que 13 % à le penser aujourd'hui. 49 % restant néanmoins « plutôt d'accord » avec cette formule.

Gérard Larcher, ministre délégué aux Relations du travail, ne veut pas, lui, entendre parler d'ambiance tiède. « Les premiers accords de branche qui ont été signés seront étendus lors de la séance de la sous-commission de la négociation collective du 29 novembre prochain », a-t-il déclaré, le 16 novembre dernier, à l'occasion des rencontres Liaisons sociales sur la réforme de la formation professionnelle.

Cadre législatif en place

« L'essentiel de la réforme peut d'ores et déjà être appliqué : le cadre législatif est en place, d'une part par la loi du 4 mai 2004, et, d'autre part, par les décrets qui l'accompagnent, dont les principaux sont désormais parus. Les accords de branche ne sont là que pour préciser certaines dispositions. » Selon le ministre délégué, il appartient donc, désormais, aux DRH, responsables de formation, consultants et conseils en formation « de mettre la réforme en oeuvre ». Certes, il reconnaît que c'est « une tâche qui peut sembler difficile, car elle nécessite de l'énergie et oblige à revoir chaque organisation en appréhendant différemment le volet formation de chaque entreprise ». Mais, « pour autant, l'erreur serait de considérer le contenu de la loi comme une charge supplémentaire, sans revoir profondément chaque organisation ». Le ministre encourage les entreprises « à investir dès maintenant dans cette nouvelle donne : l'enjeu de la réforme est gagnant-gagnant pour les entreprises et les salariés ».

Accord de branche

Pour s'y mettre, chaque entreprise doit surveiller de près la signature de son accord de branche. Une trentaine de branches ont à ce jour abouti à un accord, dont certains des plus récents sont présentés dans ce dossier. Et les deux réseaux interprofessionnels de collecte, Agefos-PME/CGPME et Opcareg-Medef, rassemblent en ce moment les dernières signatures. Mais, au-delà des aspects juridiques et techniques, cette réforme sera surtout une affaire de management. Et là, pas de secret : les responsables formation vont devoir aller au feu de la négociation avec leurs partenaires sociaux et leurs salariés ; un exercice dont ils n'ont pas l'habitude et qui les inquiète.

Enjeu de négociation

Mais, sous-entendu fondamental de cette réforme : la formation professionnelle risque de devenir un véritable enjeu de négociation, au même titre que les salaires et les conditions de travail. C'est d'ailleurs le souhait clairement exprimé par la CFDT au début des discussions : que la formation professionnelle devienne un enjeu politique et un outil de resyndicalisation des salariés. Désormais, quand on parle formation, il faut garder cela en tête.

L'essentiel

1 Au lendemain de la signature de l'ANI du 21 septembre 2003, DRH, responsables formation et salariés affichaient un fort enthousiasme. Un an plus tard, sans être totalement douché, cet optimisme est revu à la baisse, alors qu'approche l'heure de la mise en place.

2 Le gouvernement estime que la réforme peut d'ores et déjà être appliquée, et que son enjeu doit être gagnant-gagnant pour les entreprises et les salariés.

3 Négociations avec les partenaires sociaux, construction de stratégies pédagogiques et financières : cette réforme est l'occasion d'une mutation totale du rôle des responsables formation. Une chance à saisir.

Auteur

  • Laurent Gérard