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Les Pratiques

Retraite ou Assedics, il faut choisir...

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 23.11.2004 | Marion Leo, à Berlin

De nombreux Allemands sont prêts à casser leur épargne retraite de peur, en cas de chômage, de la voir comptabilisée dans leur patrimoine. Avec la réforme du marché du travail, elle pourrait, en effet, les empêcher de percevoir les indemnités.

Ulrich Brock, porte-parole de la fédération allemande des agents d'assurances (BVK), ne mâche pas ses mots. « La nouvelle réforme du marché du travail est une catastrophe pour la branche de l'assurance », s'insurge l'homme, qui s'attend, à court terme, à une vague de résiliations des produits d'assurance vie en Allemagne. Selon lui, entre 50 000 et 70 000 souscripteurs devraient mettre fin cette année à leur contrat d'assurance vie, de peur que l'Etat ne mette la main sur leur épargne en cas de chômage.

La loi «Hartz IV»

La nouvelle loi, baptisée «Hartz IV», du nom de son inspirateur, Peter Hartz, le célèbre DRH de Volkswagen, a, en effet, bouleversé la donne. A partir du 1er janvier 2005, date de l'entrée en vigueur de la réforme, les chômeurs continueront à toucher, pendant douze mois, les allocations chômage, soit 60 % de leur dernier salaire net. Après un an, ils n'auront droit qu'à l'équivalent de l'aide sociale (entre 331 et 345 euros par mois), qu'ils aient été médecins, chefs d'entreprise ou ouvrier. Pire : les chômeurs de longue durée ne pourront y prétendre que s'ils ne disposent pas d'autres revenus, qu'ils devront d'abord consommer. Les contrats d'assurance vie en font partie. La nouvelle loi autorise les chômeurs à posséder un patrimoine de 200 euros par année vécue, au maximum 13 000 euros, ainsi qu'une assurance vie de 200 euros par an également, plafonnée de même à 13 000 euros, soit un patrimoine total de 26 000 euros (hors résidence principale et automobile).

Pour Ulrich Brock, les montants sont dérisoires. « Cette réforme pénalise ceux qui ont commencé tôt à épargner pour leur retraite. Ceux qui n'ont jamais rien mis de côté recevront, eux, tout de suite le plein soutien de l'Etat », s'indigne-t-il, prédisant une évasion des capitaux.

Inquiétude des salariés

« Notre taux de résiliation des contrats d'assurance vie n'a pas augmenté », tempère Wolfgang Otte, porte-parole de l'assureur Volksfürsorge à Hambourg. Même constat chez Axa à Cologne, où un faible taux de résiliation est plutôt mis sur le compte de la baisse du niveau de vie. Mais les compagnies d'assurance sont unanimes sur l'inquiétude des salariés. « Nous recevons, aujourd'hui, 500 appels téléphoniques par jour et les deux tiers portent indirectement sur Hartz IV », confirme Wolfgang Otte. Ulrich Bockrath, porte-parole d'Axa, estime que les chômeurs devraient pouvoir conserver au moins 1 000 euros par année vécue, pour avoir une chance de préparer leur retraite. « Il a bien fallu placer la barre quelque part », se défend un porte-parole du ministère de l'Economie, qui rappelle que l'aide versée aux chômeurs de longue durée est payée par les contribuables.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin