E & C : Le réseau associatif Retravailler, spécialisé dans l'orientation professionnelle, fête, le 23 novembre prochain, ses trente ans d'existence (1). Quelle est l'origine de sa création ?
F. N. : Le réseau a été fondé, en 1974, par Evelyne Sullerot, sociologue du travail, sur un double enjeu : un projet politique, celui de la généralisation du travail des femmes, à une époque où il ne correspondait pas au modèle dominant, et une stratégie pour atteindre cet objectif : la première méthode française d'orientation professionnelle pour adultes. Ce double projet a défini nos deux coeurs de métiers : l'orientation professionnelle et continue, et l'égalité dans le travail. Si, aujourd'hui, le pari du travail des femmes est gagné, nous sommes encore loin du compte en matière d'égalité.
E & C : Comment le réseau Retravailler peut-il contribuer à faire progresser ce dossier ?
F. N. : Notre parti pris est d'en finir avec la division sexuée du travail, à l'heure où les arguments objectifs qui la justifiaient (pénibilité physique, dimension technique, moindre disponibilité des femmes...) tendent à disparaître. Par ailleurs, notre économie a besoin de mixité, que ce soit pour pourvoir les postes des secteurs en pénurie, ou pour développer la performance des entreprises. Ce travail de désenclavement sexué des métiers est cependant une tâche de longue haleine. En effet, les mentalités, tant des femmes que des hommes, des jeunes ou des parents, pèsent encore très lourd !
E & C : Quelles sont les autres priorités du réseau pour les années à venir ?
F. N. : En matière d'orientation professionnelle, nous souhaitons profiter des opportunités offertes par les nouveaux dispositifs légaux, comme la VAE. Et, plus généralement, nous voulons faire de l'orientation une fonction positive en matière de gestion des trajectoires professionnelles, mobilisée de manière préventive, et non plus seulement en période de crise.
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