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Décider ou s'abstenir

Demain | Chronique | publié le : 16.11.2004 | De meryem Le Saget

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Décider ou s'abstenir

Crédit photo De meryem Le Saget

« Il ne décide pas, ça traîne. » « C'est le dernier qui parle qui fait pencher la balance », ou encore « Il ne tranche que le dos au mur »... En matière de prise de décision, les plaintes à l'égard des managers sont plus fréquentes que l'admiration ! Décider est, effectivement, un art difficile et nous nous débattons tous pour ne pas rester prisonniers de nos tentations.

Traîner quand on n'est pas sûr. Ici se rangent ceux qui attendent d'avoir tous les éléments pour décider. On sait bien que c'est illusoire, mais ils essaient quand même : recueillir ça et là de nouveaux éclairages, engager une analyse plus approfondie, obtenir une information miracle au dernier moment... Leur esprit n'est pas tranquille tant qu'ils n'en savent pas davantage, donc ils temporisent. Goût de la perfection. Peur de se tromper.

Hésiter car « c'est risqué ». Risqué par rapport à quoi ? Jusqu'à quel point ? Il est risqué, effectivement, d'arrêter telle ou telle activité car certains clients seront mécontents. Risqué aussi de se déplacer en voiture vu le nombre d'accidents. Risqué encore de lancer ce nouveau produit avec des vendeurs peu expérimentés. Mais, au-delà de ces opinions, a-t-on évalué concrètement (mathématiquement le plus souvent) le risque encouru ? Sans ce réflexe pragmatique, chacun peut camper longtemps sur ses positions. Entre le risque zéro qui n'existe pas et un risque élevé, tous les possibles existent.

S'abstenir car on ne maîtrise pas totalement le sujet. Ceux-là craignent de laisser percevoir leurs faiblesses. Peur d'être ridicules. Ont-ils pensé à consulter des personnes plus compétentes ou expérimentées afin de bénéficier de leur avis ? Ont-ils défini les critères réels de la «bonne décision» ? Personne n'est censé être expert dans tous les domaines. Le plus souvent, nous ignorons les réserves de compétences ou de bon sens à notre disposition quelques bureaux plus loin ou juste à côté de nous.

La lenteur et l'hésitation ne sont pas les seuls démons de la prise de décision. La tendance à arbitrer seul s'avère un piège tout aussi pénalisant.

Décider en solitaire. La réunion se termine, le responsable annonce ses décisions. Pas de consultation de ses collaborateurs, pas d'analyse collective pour peser le pour et le contre de chaque option, ni évaluer leurs conséquences. Le manager décide seul, y compris sur des domaines de responsabilités qu'il a confiés à d'autres. Ce comportement a le don d'énerver son entourage au plus haut point. Et de démotiver ceux qui essaient de contribuer activement.

Dans les situations complexes que nous vivons aujourd'hui, la décision solitaire est souvent la moins efficace, car elle se prive de l'enrichissement des différents points de vue, de la confrontation des contraires, de l'obligation de dépasser ses premières certitudes pour atteindre des vérités plus profondes. Bien décider, c'est d'abord savoir s'entourer. Puis, faire confiance. Et, enfin, avoir le courage d'agir juste, au-delà de ses impulsions personnelles.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <mlsconseil@wanadoo.fr>

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