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Renault Trucks veut doper son image grâce au foot

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 09.11.2004 | Jean-François Rio

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Renault Trucks veut doper son image grâce au foot

Crédit photo Jean-François Rio

L'impact de l'opération de partenariat avec l'OL sur la motivation des salariés de Renault Trucks, objectif affiché par le constructeur de poids lourds, reste à démontrer.

La victoire aurait pu être belle. Ce soir du 3 octobre 2004, l'Olympique lyonnais (OL) triomphait sur son éternel rival stéphanois. En temps normal, pareil exploit de l'OL aurait certainement alimenté les conversations dans les travées des usines Renault Trucks de Saint-Priest et de Vénissieux, les deux sites de production lyonnais du groupe. D'autant que, depuis trois ans, le constructeur de poids lourds, propriété du suédois Volvo, affiche ses couleurs sur le maillot des joueurs de foot lyonnais. Un partenariat qui vient d'être reconduit jusqu'en 2007.

Une cession contestée

Reste pourtant un goût amer : le lendemain de ce match au sommet, Renault Trucks cédait à l'équipementier américain Arvin Meritor ses activités fonderie (Vénissieux) et ponts et essieux (Saint-Priest). Vivement contestée par les élus locaux, cette cession, qui concerne près de 700 salariés, reste encore en travers de la gorge de Robert Pietrzak, délégué syndical Ugict-CGT. « Les opérateurs ne font plus que de l'assemblage. De Renault, il ne reste plus que le losange sur les camions. Dans ce contexte, je comprends mieux pourquoi la direction sponsorise l'OL. Derrière cette façade, il est pourtant bel et bien question de la disparition programmée de Renault Trucks. »

Avec ses 5 500 salariés en Rhône-Alpes (sur un total de 10 384), Renault Trucks est encore le premier employeur privé de cette région, berceau du véhicule industriel, où se sont succédé les marques Saviem, Berliet et Renault VI. Le mariage entre l'OL et Renault Trucks remonte à 2001, lorsque Renault décide de vendre à Volvo sa division poids lourds, connue sous le nom de Renault VI. Dans la foulée, l'entreprise devient Renault Trucks.

La direction, située à Paris, est invitée à rejoindre la capitale des Gaules, qui abrite la production. « Il nous fallait impérativement communiquer sur le changement de nom puis améliorer notre notoriété locale. Suite au départ de la société Infogrames, qui était partenaire maillot de l'OL, une opportunité s'est offerte à nous », rappelle Anne-Marie Baezner, directrice de la communication de Renault Trucks.

En 2001, le constructeur inaugure donc, pour une durée de trois ans, un partenariat nouveau pour lui. Montant versé à l'Olympique lyonnais : 10 millions d'euros. Bonne pioche, l'équipe de foot est championne de France trois années de suite et participe, à ce titre, aux épreuves européennes. Conséquence : une exposition médiatique inespérée. Outre la notoriété, Renault Trucks entend aussi favoriser une proximité avec ses clients, mais également développer la fierté d'appartenance des salariés à l'entreprise.

Pour les impliquer, la direction imagine un système de tirage au sort. Chaque soir de match à Lyon, plus de 200 places sont mises en jeu (50 pour une rencontre de coupe d'Europe). Le salarié gagnant reçoit deux billets. Depuis trois ans, 35 000 personnes ont ainsi été conviées au stade, dont environ la moitié de salariés. Un petit quota de places est, en outre, destiné à récompenser les opérateurs les plus méritants... sur des critères laissés à l'appréciation de la hiérarchie.

Impact positif sur la marque employeur

La communication interne surfe, bien entendu, sur l'OL. Ponctuellement, les restaurants d'entreprise s'habillent aux couleurs du club. A l'approche de Noël, les enfants des salariés assistent à l'entraînement des joueurs. En juillet dernier, le coach de l'équipe et quelques joueurs ont participé à une séance de dédicaces à Saint-Priest et à Vénissieux.

« Pour le top management, nous organisons des séminaires au cours desquels interviennent l'entraîneur, le directeur sportif ou le président de l'OL », indique Pascal Montagnon, directeur de l'emploi et des relations sociales de Renault Trucks. Celui-ci soulève aussi l'impact positif du sponsoring sur la marque employeur. « Selon nos recruteurs, les candidats citent fréquemment l'association avec l'OL lors des entretiens. Cela confère une image dynamique de la société. »

Adhésion mitigée des salariés

En attendant un sondage interne, que la direction envisage de réaliser avant la fin de l'année, le degré d'adhésion des salariés reste bien difficile à évaluer. « A Blainville, une usine située, pourtant, près de Caen, ils sont fiers de voir Renault Trucks sur les maillots de l'OL », assure Anne-Marie Baezner. « Le plus cocasse, rétorque Roland Chamard, secrétaire du CCE, c'est que de nombreux salariés supportent Saint-Etienne. » Certains raillent aussi la passion soudaine de Renault Trucks pour le football. « Combien de fois avons-nous réclamé à la direction une petite participation financière pour nos tournois de foot intersites ! », constate Bernard Grant, délégué syndical CGT.

D'autres pestent contre l'enveloppe financière « alors que les augmentations salariales plafonnent à 3 % ». Enfin, il y a ceux qui n'ont toujours pas compris pourquoi Renault Trucks, dont les produits s'adressent à des entreprises de transport routier, s'est rapproché d'un sport aussi grand public que le football.

Auteur

  • Jean-François Rio