La loi du 26 juillet 1991 a autorisé la fonction publique à accueillir des ressortissants de l'Union européenne et de l'espace économique européen. Ce sont ensuite des décrets qui ont ouvert les différents corps. Ainsi, le décret du 6 janvier 2003 a rendu, d'un coup, 150 corps accessibles et, aujourd'hui, 250, ce qui représente 80 % des emplois. Le ministère de l'Education nationale est l'un des plus accueillants. Un décret de 1992 a ouvert une vingtaine de professions (professeur des écoles, professeur agrégé, bibliothécaire...). Onze corps ont suivi en 1995 (ingénieur de recherche, assistant-ingénieur...), 3 en 1995 (infirmier, assistant social...) et 9 en 2003 (secrétaire administratif d'administration centrale...).

Les candidats passent les mêmes concours que les Français. Pour le moment, ils ne se bousculent pas : un admis en 1997, 10 en 1998, 24 en 1999. En 2002, parmi les 58 Européens intégrés, 44 l'ont été dans la catégorie A (la plus élevée), 6 dans la catégorie B et 8 dans la catégorie C. Les enseignants représentent la majorité des fonctionnaires recrutés.

Depuis cette année, les trois concours de l'ENA (externe, interne et troisième concours) sont ouverts aux Européens. Le décret est paru tardivement et seuls deux Britanniques et un Portugais se sont portés candidats. L'école espère plus de succès l'année prochaine.

Par ailleurs, Renaud Dutreil, ministre de la Fonction publique, et son homologue allemand ont annoncé la création d'un master franco-allemand en administration publique. « L'objectif est de préparer de jeunes fonctionnaires et cadres à la prise de responsabilités en milieu international, explique Andreas Löns, de la mission des affaires européennes et internationales du ministère de la Fonction publique. Le programme vise à améliorer leur aptitude à négocier et à coopérer efficacement dans l'Europe à 25 et au-delà. »

La phase pilote comprend deux promotions d'une trentaine de participants. La première débutera sa scolarité en octobre 2005. Elle sera composée de candidats issus des secteurs publics français et allemand, de ressortissants des Etats membres de l'UE et des Etats ayant vocation à y adhérer, ainsi que de cadres des institutions européennes et du secteur privé. Agés de 25 à 35 ans, ils auront au moins deux ans d'expérience professionnelle. La scolarité se déroulera en français et en allemand.

Le master s'appuie, côté français, sur un ensemble comprenant l'ENA comme organisme pivot, l'IEP Paris, l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, ainsi que le Centre des études européennes de Strasbourg, et, côté allemand, sur un ensemble agrégé autour des universités de Potsdam (organisme pivot) et de Berlin (université Humboldt).