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Les Pratiques

Bilan positif pour la cellule de reclassement

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 02.11.2004 | Marc Bertola

Le dépôt de bilan du fabricant de catamarans a entraîné 128 licenciements l'an dernier, dans un bassin d'emploi déjà touché par le chômage. Le dispositif de reclassement affiche aujourd'hui des résultats satisfaisants : les trois-quarts des inscrits ont trouvé une solution.

Les ex-salariés de Catana reviennent de loin. L'an dernier, la faillite et le rachat de ce fabricant de catamarans, fleuron industriel du port de Canet-en-Roussillon, avaient suscité la consternation dans les Pyrénées-Orientales. L'entreprise, installée sur la côte catalane depuis 1997, employait 280 salariés - sans compter les entreprises sous-traitantes. Sa mise en redressement, en janvier 2003, a entraîné, en quelques mois, le licenciement de 128 personnes. Un premier plan de sauvegarde de l'emploi a été lancé en mars, provoquant 35 licenciements. Un deuxième plan de 93 licenciements a accompagné le rachat de l'entreprise, en juillet, par le chantier naval Poncin (La Rochelle), celui-ci ne reprenant que 120 personnes.

Un département peu industrialisé

Les salariés licenciés ont bénéficié d'une ATD (Allocation temporaire dégressive) et de la mise en place, en septembre 2003, d'une cellule de reclassement, confiée au cabinet Essel. La tâche de celui-ci s'annonçait difficile : le département des Pyrénées-Orientales est très peu industrialisé et affiche un taux de chômage élevé (13,6 %). De plus, comme dans les autres bassins d'emploi du sud de la France, la mobilité des salariés y est traditionnellement moins élevée que la moyenne. Pourtant, le bilan de la cellule, rendu public en octobre dernier, se révèle positif. Sur les 73 salariés inscrits, 55 ont trouvé une solution de reclassement : 30 ont été embauchés en CDI ; 3 en CDD ; 3 dans le cadre de missions longues d'intérim ; 9 ont créé leur entreprise ; et 10 sont en formation (généralement pour plus de six mois). Le résultat d'une collaboration fructueuse entre le cabinet, les institutions et les représentants de l'entreprise.

Du temps et des moyens

Premier facteur de réussite : la durée. « Nous avons travaillé sur douze mois, ce qui nous a donné le temps de trouver des solutions », explique Stéphane Dupont, responsable de l'agence Essel, de Montpellier. En ajoutant que le cabinet de reclassement s'est donné les moyens de faire un travail de qualité : quatre permanents ont travaillé à plein temps à Canet. « Il ne s'agissait pas de vacataires, mais de personnes connaissant bien le tissu économique régional », souligne Stéphane Dupont. Le cahier des charges de la cellule a été élaboré avec soin par l'administrateur judiciaire, la DRH de Catana et les services de l'Etat, bien avant le rachat de l'entreprise : « Nous avons travaillé très en amont, en veillant à certains points importants comme le périmètre géographique d'intervention du cabinet », raconte la DRH, Carole Chaix (restée en poste après le rachat).

La diversité des corps de métiers au sein de Catana a facilité les reclassements : certains menuisiers et électriciens, par exemple, ont pu valoriser leur savoir-faire en créant leur entreprise. Les acteurs locaux ont apporté leur soutien, à l'image de la mairie de Canet-en-Roussillon qui a fourni gratuitement des bureaux à la cellule pendant un an. L'Etat a financé à 100 % le coût du dispositif, qui s'est élevé à 1 067 euros par salarié suivi (soit près de 80 000 euros au total).

Le comité de suivi, qui s'est réuni huit fois en un an, a joué un rôle déterminant. « Nous avons essayé d'impliquer l'ensemble des acteurs : on est plus forts à plusieurs », explique Stéphane Dupont. « Tous les participants au comité de suivi ont joué le jeu à fond, confirme le directeur adjoint du Travail des Pyrénées-Orientales, Paul Gossard. Le travail en réseau s'est révélé très efficace. »

Aux côtés des participants «traditionnels» (Assedic, ANPE, Direction départementale du travail), Carole Chaix et deux représentants des salariés de l'entreprise (membres du CE) ont participé aux comités de suivi, en accord avec le repreneur. Avantage : « Nous connaissions bien chaque personne, en fonction de ce qu'elle avait fait dans l'entreprise », témoigne la DRH. Un savoir qui a permis de mieux analyser chaque dossier, et d'évaluer la motivation des salariés voulant se reconvertir. Carole Chaix a également fait jouer son réseau personnel pour relayer des offres d'emploi émanant des DRH d'autres entreprises.

Des solutions pour les formations longues

Parallèlement, l'implication forte de l'Assedic au sein de la cellule a permis de trouver des solutions de financement pour certaines formations longues et coûteuses. Un menuisier a ainsi obtenu une formation de scaphandrier, après avoir justifié d'une promesse d'embauche. D'autres salariés ont pu se former à la profession d'aide-soignant, de responsable de réseaux électriques, de magasinier, de cariste... « Même si l'on n'a pas pu satisfaire tout le monde, on sort la tête haute de ce dossier », estime Stéphane Dupont.

reperes

Salariés en 2003 : Janvier280 Juillet120

Licenciements128

Participants à la cellule de reclassement73

Solutions de reclassement 55,

dont 30 CDI.

Auteur

  • Marc Bertola