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Enquête

le e-learning sauve par la reforme?

Enquête | publié le : 02.11.2004 | Laurent Gérard

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le e-learning sauve par la reforme?

Crédit photo Laurent Gérard

L'usage d'Internet dans le monde de la formation professionnelle reste encore décevant. Pourtant, certains lui prédisent un réel avenir, du fait de la réforme en cours et de la création du Droit individuel à la formation. Pour franchir un palier, l'usage d'Internet doit d'abord régler quelques problèmes de fond(s).

La carrière d'Internet et des technologies de communication associées dans le monde de la formation professionnelle va-t-elle rebondir avec la mise en place de la réforme et, surtout, la création du Droit individuel à la formation ? De nombreux acteurs de ce petit monde le pensent, notamment, beaucoup de prestataires de formation.

Déjà, des organismes de formation ont commencé à apporter de nouvelles réponses utilisant Internet, pour faire face à un double enjeu : formation en dehors du temps de travail, même au profit de l'entreprise, et DIF, que certains voient déjà comme une corne d'abondance. Certes, ces tentatives sont, parfois, purement marketing et opportunistes, mais certains essaient, si ce n'est d'inventer quelque chose de réellement nouveau, du moins de donner une nouvelle dynamique à des contenus déjà rentabilisés.

Reste que l'usage d'Internet en formation ne se résume pas à la e-formation ou au e-learning, ou encore à la Foad. C'est aussi : la gestion de la relation commerciale entre prestataires et clients ; une certaine démocratisation de la création pédagogique ; des interrogations de plus en plus pressantes sur les capacités d'investissement des différents acteurs... Pour franchir un nouveau stade de développement, Internet et ceux qui lui prédisent de l'avenir doivent dépasser quelques obstacles.

Pas de «pur» e-learning

Les zélateurs du e-learning doivent admettre que plus personne ne croit au «pur» e-learning. L'avenir est aux formations «mixtes», combinant formation «présentielle» (en salle ou en face-à-face) et formation «à distance», affirme une étude de la Cegos. Cela suppose que la pédagogie reprenne sa place. Bonne nouvelle : les derniers salons consacrés au e-learning présentaient moins de réflexions «techno» et davantage de débats «pédago». Mauvaise nouvelle: les salons Net Expo et Téléform, organisés depuis respectivement 1998 et 2000, sont annulés pour 2004, «faute de participants».

Distribuer des contenus pédagogiques

Les prestataires de formation, qui ont su construire des sites web pour renforcer leur démarche commerciale, doivent également penser le développement de la distribution de contenus pédagogiques par cet intermédiaire. Car les sites des organismes de formation servent surtout à la présentation commerciale des offres, note une étude menée par le Centre Inffo, la Fédération de la formation professionnelle et A3Formation. C'était inévitable, car c'est l'utilisation la moins coûteuse et la moins hasardeuse pédagogiquement. Mais cela ne peut pas suffire.

En conséquence, des investissements doivent être mobilisés en faveur du développement de la e-formation. Les capacités financières des Opca sont sous-utilisées en la matière, note une étude du Fffod. Vu les augmentations des obligations de financement de la formation prévues par la réforme en cours, les entreprises et les salariés seront légitimes à interpeller les Opca sur cette question, pour chercher à rentabiliser leurs versements. Les Opca devront justifier, en outre, leur réponse.

Pot commun

Dans le même ordre d'idée, les entreprises et les salariés auraient intérêt à voir se constituer une sorte de «bibliothèque pédagogique collective». Après utilisation d'un module de e-formations développé spécifiquement en interne, l'entreprise le «verserait» dans un pot commun, une fois débarrassé des éléments stratégiques ou sensibles. Evidemment, les entreprises y sont pour l'instant réticentes de peur de laisser échapper un «secret de fabrication». L'organisation de ce pot commun pourrait être pilotée par les Opca ou par des instances de branche ou interprofessionnelles.

Modules «allégés»

Le développement du e-learning passera aussi par l'idée que presque tout le monde peut émettre des contenus. Des outils «simples», qui réutilisent et enrichissent des contenus classiques, font leur apparition. Les formateurs, mais également les spécialistes d'une technique ou d'un domaine, peuvent ainsi concevoir des modules e-learning «allégés». Cette «démocratisation de la création pédagogique» doit être acceptée par les tenants d'une pédagogie fermée aux non-initiés.

Formation hors du temps de travail, droit individuel à la formation et offre souple de formations via Internet ont, a priori, une relation privilégiée à construire. Un coup de pouce fiscal au «citoyen-apprenant» les y aiderait.

L'essentiel

1La e-formation s'est développée surtout au travers des produits bureautiques et langues. Les attentes des entreprises en matière de formation métiers sont importantes, mais elles ne trouvent pas de produits publics et doivent se tourner vers l'autoproduction interne ou externe.

2La réforme de la formation et la création du Droit individuel à la formation pourraient donner un nouvel élan à cette modalité de formation. Mais la demande ne s'affirme pas encore ; et, surtout, l'attitude des salariés vis-à-vis d'une telle formation, notamment en dehors du temps de travail, reste une inconnue.

3Le financement des modules de e-formation reste une faiblesse chronique. Les Opca, les branches professionnelles et les groupements d'employeurs pourraient mutualiser les coûts, mais la peur de perdre un avantage comparatif freine les initiatives.

Auteur

  • Laurent Gérard