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Enquête

L'avenir du e-learning passe par les formations mixtes

Enquête | publié le : 02.11.2004 | L. G.

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L'avenir du e-learning passe par les formations mixtes

Crédit photo L. G.

Personne ne croit plus au «pur» e-learning. L'avenir est aux formations «mixtes», combinant la formation en «présentiel» (en salle ou en face-à-face) et la formation «à distance», affirme une étude de la Cegos.

Les plus sages le présupposaient depuis longtemps ; les plus «croyants» se rallient enfin à cet avis raisonnable après deux années éprouvantes pour le e-learning : le «pur» e-learning n'a certainement aucun avenir. Du moins dans le cadre de l'acquisition de nouvelles compétences en entreprise. Peut-être en aura-t-il un dans celui d'une consommation gratuite et sans objectif particulier ? L'étude (1), lancée en mai 2004 par l'unité grands déploiements de la Cegos, sur la mise en place de formations «mixtes» dans 152 entreprises, vient corroborer deux constats : le e-learning est encore une pratique marginale, et l'humeur est plutôt à la combinaison des méthodes pédagogiques, que certains qualifient de formations mixtes, d'autres de blended learning.

1 Les formations mixtes sont déjà pratiquées

Premier enseignement de l'enquête : sur les 152 entreprises de plus de 1 000 salariés interrogées, 53 % d'entre elles ont, au cours des deux dernières années, mis en place des projets faisant appel à des modalités de type e-learning. Mais 70 % de ces formations e-learning s'intégraient dans des solutions mixtes : « 55 % des personnes interrogées savaient spontanément définir ce qu'est une formation mixte », constate Pascal Debordes, directeur de l'unité grands déploiements à la Cegos.

Pourquoi ces entreprises ont-elles développé des solutions mixtes ? Pour trois raisons majeures : optimiser le processus de formation (principalement en termes de durée et de coût) ; mettre en place de nouvelles méthodes d'apprentissage (par exemple, ancrer la formation dans un processus continu d'enrichissement des compétences, ou renforcer l'efficacité opérationnelle de la formation, ou personnaliser les cursus de développement) ; enfin, mieux évaluer l'efficacité de la formation.

2 Les solutions métiers connaissent un vrai essor

A la question : « Dans quels domaines les entreprises proposent-elles des dispositifs de formation mixtes ? », les réponses font apparaître que les formations bureautique et langues, «bastions» de la formation à distance, représentent 46 % des contenus mixtes diffusés par les entreprises interrogées. En revanche, 23 % des solutions mixtes de l'échantillon interrogé concernent, aujourd'hui, des formations métiers, et 12 % des formations aux systèmes d'information.

Les entreprises développent, ainsi, de plus en plus de solutions «sur mesure» pour accompagner leur évolution. On note également la présence, dans une proportion moindre, de formations comportementales ou relationnelles : les formations au management représentent 10 % et les formations commerciales 8 %.

Quels sont les domaines couverts par les projets de formation mixte, conduits dans votre entreprise au cours des 24 derniers mois ?

Bureautique 26,02 %

Métiers spécifiques

de l'entreprise 22,76 %

Langues 20,33 %

Informatique12,20 %

Management10,57 %

Vente ou commercial 8,13 %

3 La formation mixte démocratise l'accès à la formation

Selon l'étude, la mise en place des dispositifs mixtes favoriserait la démocratisation de l'accès à la formation. En effet, toutes les catégories de salariés, de la ligne managériale au personnel administratif, sont concernées, à proportion équivalente, par les formations de type mixte, à la différence des formations présentielles qui touchent surtout les populations commerciales et managériales.

Qui, dans votre entreprise, a bénéficié de ces projets de formation mixte ?

Managers 21,86 %

Techniciens 21,86 %

Vendeurs ou

commerciaux 19,67 %

Personnels administratifs

ou de gestion 19,13 %

Assistantes 17,49 %

4 Les dispositifs sont souvent simples et peu coûteux

La mise en oeuvre de ces dispositifs mixtes montre que les entreprises privilégient davantage les contenus que l'infrastructure. Ainsi, 30 % des entreprises interrogées ont utilisé le CD-Rom comme mode de diffusion. Rares sont celles qui ont mis en place des solutions lourdes, ambitieuses en termes de technologies et d'infrastructures ; 12 % seulement des contenus proposés dans le cadre de formations mixtes sont ainsi diffusés par le biais d'un LMS (Learning management system) ou plate-forme de formation.

36 % des entreprises interrogées ont, par ailleurs, opté pour une mise à disposition des contenus sur leur intranet, illustrant une propension à faire simple pour toucher le plus grand nombre. La proportion significative de contenus dont l'hébergement est confié à une société extérieure (18 %) confirme cette volonté de simplicité dans les moyens et les outils à mettre en oeuvre.

Conclusion, selon la Cegos, « les montants financiers alloués à la partie e-learning des projets de formations mixtes restent modestes » ; 48 % des projets concernent des montants inférieurs à 5 000 euros ; 3 % seulement sont de taille moyenne (entre 50 000 et 150 000 euros) ; et 8 % sont de grands projets, supérieurs à 250 000 euros.

5 Le recours aux prestataires externes est très fréquent

Seuls 15 % des contenus e-learning utilisés dans le cadre de projets mixtes sont réalisés et produits exclusivement en interne ; 85 % des entreprises font appel, pour tout ou partie de leur production de contenus, aux services d'une société spécialisée dans ce type de prestation.

Pour quelles raisons ? « Les entreprises interrogées sur les conditions de réussite de ces formations mixtes mettent en avant la qualité de réalisation des contenus, l'interactivité et la richesse pédagogique, et reconnaissent ne pas posséder en interne les compétences nécessaires », analyse la Cegos.

Mais la qualité d'un prestataire ne se réduit pas seulement à sa capacité à piloter un dispositif mixte ou à proposer des contenus de qualité. Les entreprises expriment clairement leur volonté de bénéficier d'un transfert de savoir-faire et de compétences, d'un apprentissage des meilleures pratiques pédagogiques e-learning. En ce sens, 50 % des entreprises interrogées ont opté pour une démarche de coproduction des modules e-learning insérés dans un dispositif mixte.

6 L'accompagnement et le suivi des personnes formées sont parmi les facteurs clés de succès des formations mixtes

Tous les répondants insistent sur la nécessité de mettre en place une assistance utilisateur et d'impliquer l'ensemble des managers concernés. « Il existe, en effet, des freins «psychologiques» que l'accompagnement permet d'aplanir : résistances à l'utilisation de nouvelles technologies, manque de transparence dans le suivi des formations, crainte de certains responsables formation d'être dépossédés du dispositif de formation », reconnaît Pascal Debordes.

Le suivi des personnes formées permet la mesure de l'efficacité des formations mixtes, via différents outils d'évaluation. Il constitue, cependant, un facteur de risque s'il induit un sentiment de contrôle chez les utilisateurs.

La simplicité de mise en oeuvre (prise en main aisée, fiabilité technologique, logique d'intégration avec la formation présentielle, rapidité d'accès au contenu) et l'efficacité pédagogique (pertinence des contenus, qualité de réalisation, analyse des besoins) sont deux autres facteurs clés de succès fréquemment cités par les chefs de projets interrogés.

7 Le développement progressif des formations mixtes

Au final, selon l'étude de la Cegos, les formations mixtes semblent, désormais, faire partie de la panoplie des solutions de formation disponibles pour les entreprises qui les ont mises en oeuvre et qui ont été interrogées.

Mais la courbe de progression de ces formations reste encore modeste : 52 % des entreprises interrogées envisagent de former moins de 10 % de leurs salariés au travers de formations mixtes dans les deux ans à venir. « Le DIF, aspect non abordé dans le cadre des interviews, pourrait cependant modifier la donne... », assure la Cegos.

(1) L'institut BVA a interrogé par téléphone, entre juin et juillet 2004, 152 responsables formation et chefs de projets e-learning, dans des entreprises de plus de 1 000 salariés représentant tous les secteurs d'activité.

Auteur

  • L. G.