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Enquête

L'argent des Opca reste sous-utilisé

Enquête | publié le : 02.11.2004 | L. G.

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L'argent des Opca reste sous-utilisé

Crédit photo L. G.

Les capacités financières importantes des Opca, qui peuvent servir au développement des nouvelles pédagogies, dont le e-learning, sont sous-utilisées, note une étude du Fffod.

Les Opca ne sont pas les fers de lance du développement du e-learning auprès des entreprises françaises, alors qu'ils devraient jouer un rôle majeur en la matière, conclut une étude du Fffod (Forum français pour le développement de la formation ouverte et à distance, voir encadré ci-dessous).

0,5 % des salariés formés

Dix Opca, représentant plus d'un million d'entreprises et plus de 10 millions de salariés, ont été interrogés. Les conclusions sont édifiantes : moins de 0,5 % des salariés formés via ces Opca ont suivi des Foad (formations ouvertes et à distance) ; les entreprises qui annoncent avoir formé plusieurs milliers de collaborateurs par le biais de Foad ont très peu sollicité leur Opca pour réaliser ces opérations ; enfin, l'écart entre le nombre de financements accordés et le nombre de formations effectivement réalisées est très important. « L'écart est gigantesque entre les chiffres annoncés par les entreprises, les éditeurs de contenus et ceux annoncés par les Opca », indique Bruno Fajnzilberg, directeur général de Savoirs pour tous, membre du Fffod.

Modalités de financement

Comment expliquer cet «échec» ? Les raisons sont multiples. Bien que, depuis juillet 2001, tous les Opca aient adapté leurs procédures à la circulaire précisant les modalités de financement des Foad, cette définition officielle ne semble pas encore bien correspondre à la pratique des entreprises. Ce qui pose un problème d'imputation sur la déclaration fiscale 24-83.

L'offre de formation «métier» reste quasiment inexistante. Elle est soit le fruit de la démarche d'un grand groupe, soit le fruit d'un investissement réalisé ou coréalisé par la branche professionnelle ou l'Opca de la branche. Mais la commercialisation de cette offre par les éditeurs est dirigée exclusivement vers les grands groupes susceptibles d'acheter en masse : les offres de Foad des organismes de formation ou des éditeurs de Foad ne sont pas destinées aux TPE et PME. Or, la mise en oeuvre d'une telle formation est coûteuse en ingénierie pédagogique et en réalisation technique pour une PME. Son coût doit être partagé.

Parallèlement, les organismes de formation et « tout particulièrement ceux proposant des stages interentreprises » n'ont, pour ainsi dire, pas investi dans la création de Foad. Les déboires ou échecs retentissants rencontrés par certains opérateurs de formation ont très largement contribué à donner une impression de risques non maîtrisés.

Pistes de réflexion

Quelles pourraient être les pistes de réflexion pour développer l'usage de la Foad et sa prise en charge par les Opca ? Le Fffod avance plusieurs axes.

Les Opca devraient mobiliser leur capacité financière et de communication pour développer une offre de e-formation métier disponible. « Aujourd'hui, personne ne communique sur cette possibilité, ni les éditeurs, ni les organismes de formation, ni les Opca. A contrario, nombreux sont les conseillers des collecteurs qui, sur le terrain, s'effraient au simple fait d'évoquer la Foad », note l'étude. Mettre en oeuvre une Foad nécessite un lourd investissement de départ, correspondant à la majorité des coûts des formations à venir, alors que pour les formations traditionnelles, l'investissement correspond seulement à l'ingénierie, les autres frais étant proportionnels aux formations réalisées.

Excellents résultats

Autre axe : la prise en charge conjointe par la branche professionnelle et par l'Opca du financement et du développement de l'offre de formation. « A chaque fois que cela a été fait, ce fut un succès. Les initiatives sont peu nombreuses, mais elles ont donné d'excellents résultats. La difficulté est de faire sortir ces essais du cadre expérimental pour les généraliser », reconnaît Bruno Fajnzilberg.

L'UIMM, par exemple, a fait financer par l'Opcaim 50 % du développement de certains contenus de Foad développés par des entreprises de la branche, à condition que l'usage des contenus soit ouvert à tous les organismes de formation de la branche.

Une seconde piste serait d'aider les prestataires à faire évoluer une partie de leurs formations présentielles vers de la Foad. « Si l'Opca leur garantit l'amortissement de l'investissement par l'engagement du financement d'un nombre d'heures de formation suffisant et assure ainsi la pérennité financière de leur investissement, les organismes se montreront moins frileux », rapporte l'étude. Le FAF-TT l'a fait et cela a permis de développer des contenus spécifiques métiers. Certains projets européens permettent, par ailleurs, de subventionner le développement de contenus de formation.

Clarifier les relations

Enfin, dernière piste de réflexion : clarifier les relations entre Opca et éditeurs de contenus de Foad. Les éditeurs n'étant pas des organismes de formation, il leur est difficile de s'intégrer dans la relation Opca/entreprises. « Cette absence de relation organise le développement d'un marché d'achat de ressources non pris en compte au titre de la formation et détourne une partie des dépenses «formations» hors du marché officiel », constate l'enquête.

Le projet S2NET

L'étude du Fffod a été réalisée avec le soutien du programme européen Léonardo Da Vinci, dans le cadre du projet S2NET, dont l'objectif est d'étudier le développement de la formation ouverte à distance en Europe. Dans un premier temps, les organisateurs de cette étude ont essayé de la réaliser en interrogeant les entreprises. Mais, devant le très faible taux de réponse (moins de 15), ils ont décidé de créer un groupe de travail avec les Opca afin de mesurer le développement du financement des dispositifs de Foad.

Opca participants : Afdas (secteurs culturel, communication et loisirs). Agefaforia (agroalimentaire). Agefos-PME (interprofessionnel). Anfa (commerce et réparation automobile). Fafiec (SSII, sociétés d'ingénierie, bureaux d'études, cabinets de conseil et organisateurs de foires et salons). Fafih (industrie hôtelière et de la restauration). Faf-Sab (artisanat du BTP, entreprises de moins de 10 salariés). Fafsea (exploitations et entreprises agricoles). FAF-TT (travail temporaire). Opcaim (métallurgie).

EDF-GDF : des modules de e-learning «allégé»

Un outil «très simple» est proposé aux formateurs d'EDF-GDF pour concevoir des modules e-learning «allégés», qui réutilisent et enrichissent des contenus off-line.

La direction de la formation d'EDF-GDF classe les modules e-learning en deux catégories : ceux qui durent plus de vingt heures et ceux qui sont plus courts. Les premiers entrent dans la catégorie des «gros projets». Ils sont largement sous-traités, sur six à dix-huit mois. Et pour les modules qui dépassent soixante heures de cours, un retour sur investissement sur trois ans est recherché.

Restent les «petits» projets. Sollicité pour ces projets de moindre importance, le Groupe d'appui au technologies de l'information et de la communication (Gatic), dont la mission consiste à accompagner les dix pôles métiers de la direction de la formation d'EDF-GDF, était chargé de trouver une solution. Idée de départ : réutiliser une partie des présentations PowerPoint, conçues avec l'outil éponyme de Microsoft, qui foisonnent dans les pôles formation. C'est l'outil Breeze, de Macromedia, qui est sélectionné pour transposer, en ligne, ces présentations statiques, en y ajoutant des enrichissements : commentaires vocaux, QCM et animations multimédias...

« Pour un formateur maîtrisant PowerPoint, deux heures suffisent à se familiariser avec l'outil », explique Salvator Di Benedetto, du Gatic. Les bibliothèques d'objets (images, schémas, animations...), utilisées par les gros projets, sont à disposition pour enrichir ces contenus dont la conception ne requiert aucune intervention extérieure.

La direction de la formation a investi dans vingt licences Breeze, soit deux par pôle métiers. Six formateurs utilisent déjà l'outil, dont les productions viennent s'intégrer sur Learning Space, la plate-forme de formation en ligne d'EDF-GDF, aux côtés des «gros» modules de e-learning. Une intégration qui permet, notamment, d'assurer le suivi des parcours, aussi courts puissent-ils être. Pas question, pour autant, de faire passer en ligne toutes les «présentations PowerPoint». Une direction métier doit d'abord en faire la demande à son pôle de formation de rattachement.

En l'espace de trois mois, quatre modules e-learning, réalisés en interne avec Breeze, sont déjà venus étoffer les contenus de Learning Space. Les départements comptabilité ont, par exemple, accès à une formation en ligne à SAP, concoctée au travers de Breeze. Un module couplé avec un didacticiel, a, lui aussi, été réalisé en interne. Deux autres modules sont en cours de développement.

En amont, pour limiter au maximum le redécoupage des contenus initiaux, des modèles de présentation sont proposés sur PowerPoint afin de guider les formateurs en fonction des objectifs pédagogiques (qualité, produit, processus...). Pour Salvator Di Benedetto, « plus que la réduction des coûts, c'est la rapidité de mise en oeuvre des contenus que nous recherchons, ainsi que la possibilité d'intervenir nous-mêmes sur les ressources ».

Auteur

  • L. G.