Dans les ouvrages de management, les aspects psychologiques des relations humaines dans l'entreprise sont largement prééminents par rapport à leur dimension sociologique et aux processus organisationnels, structurels ou fonctionnels. Cette inflation du psychologique s'observe, en particulier, dans le champ de la formation, du conseil et du management. C'est la grande vogue que l'on connaît du coaching et du développement personnel.

D'une manière générale, ces pratiques entendent améliorer, chez l'individu, sa connaissance de lui-même pour lui permettre d'entretenir, avec son travail comme avec ses collègues, des rapports plus harmonieux et plus efficaces. S'opère, ainsi, une forme de régulation sociale à travers la manière dont l'individu se considère lui-même et optimise ses comportements par rapport aux attentes de l'entreprise à son égard.

Le projet de Valérie Brunel est de montrer comment et pourquoi les «pratiques de soi» dans l'entreprise constituent des pratiques de conformité sociale. Bien que subtiles et peu coercitives, elles n'en sont pas moins une forme de pouvoir qui ne dit pas son nom, et qu'il s'agit de rendre lisible.

Une analyse critique passionnante, qui détonne dans le consensus actuel trop souvent culpabilisant pour l'individu qui ne parvient pas à se faire durablement une place sociale ou qui se sent gêné aux entournures dans le rôle professionnel qu'il assume, bon gré mal gré.

Valérie Brunel est sociologue, titulaire d'une thèse de doctorat portant sur le développement personnel en entreprise (voir Entreprise & Carrières n° 700). Avant de devenir chercheuse, elle a exercé le métier de conseil en management.