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Les Pratiques

Sanofi-Aventis solde la codétermination

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 19.10.2004 | Christian Robischon

Le nouveau groupe pharmaceutique ne compte aucun représentant des salariés dans son conseil d'administration, alors que le personnel occupait la moitié des sièges chez Hoechst et encore le quart chez Aventis.

La cogestion héritée de Hoechst a vécu chez Sanofi-Aventis. Le groupe, issu de la dernière megafusion de l'industrie pharmaceutique, ne compte aucun représentant des salariés au sein de son conseil d'administration, dont la liste des membres, publiée fin août, est « définitive », indique la direction. Ils étaient 4 au conseil de surveillance d'Aventis et 10 chez Hoechst, le prédécesseur allemand. Ce qui représentait, respectivement, 25 % et 50 % des sièges et des voix. Chez Hoechst, dans la plus pure tradition germanique de codétermination, aucune décision stratégique majeure ne pouvait se prendre sans l'aval des représentants syndicaux, le mandat des dirigeants dépendait en partie d'eux, et ils avaient dû donner leur bénédiction à la fusion avec Rhône-Poulenc qui engendra Aventis, en 1999.

Une «refrancisation»

Outre-Rhin, les syndicats balancent, aujourd'hui, entre amertume et résignation. Ils perçoivent l'absence d'administrateurs-salariés chez Sanofi-Aventis comme un aspect de la «refrancisation» du management du nouveau groupe de près de 100 000 salariés, dont 11 000 en Allemagne. Sentant le vent tourner, ils avaient interpellé sur ce thème la direction d'Aventis lors de l'ultime assemblée générale, en juin dernier.

Le président Igor Landau leur avait annoncé que la « question serait débattue » au sein du nouvel ensemble. Elle est, désormais, tranchée. « La direction du nouveau groupe commet une erreur pour l'entreprise en général. Elle prend le risque de se priver, dès le départ, d'une relation de confiance et de coopération. Nous avions prouvé que nous respections les règles de confidentialité », commente Werner Bischoff, du syndicat de la chimie IGBCE, qui siégeait au conseil de surveillance d'Aventis, aux côtés d'un collègue allemand et de deux élus CFDT et CGT.

Perte d'informations

Pour Werner Bischoff, l'utilité de la présence dans l'organe suprême de décision ne se résume pas à la défense de l'emploi, elle n'aurait même pas vocation à contrecarrer les dégraissages d'effectifs. « Les restructurations se discutent dans les CE. En cinq ans d'existence d'Aventis, nos sièges nous ont permis de nous informer bien en amont et de comprendre la stratégie du groupe, en termes de marchés, de recherche-développement, d'adaptation aux nouvelles réglementations pharmaceutiques », poursuit-il. « Une présence syndicale évitait que les séances se résument à une chambre d'enregistrement », ajoute Serge Doucet, de la CFDT chimie-énergie. Un dernier baroud d'honneur mobilise les syndicats français et allemand, il vise à obtenir un ou plusieurs postes d'observateur au CA de Sanofi-Aventis. Ils en conviennent eux-mêmes, il ne s'agirait que de strapontins de consolation.

Auteur

  • Christian Robischon