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Les Pratiques

L'usine à bas coûts de Fiat en Sicile se normalise

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 12.10.2004 |

Fiat avait ouvert une usine en Sicile, plutôt qu'au Portugal ou en Irlande, en échange d'horaires plus lourds et d'avantages sociaux allégés par rapport à ceux des autres salariés du groupe. Un violent conflit va conduire à l'alignement.

Quatre mois après la spectaculaire grève à l'usine de Melfi, qui a représenté pour Fiat un manque à gagner de 50 millions d'euros, la paix sociale est revenue dans cette usine modèle du sud de l'Italie. En juillet, toute une série de mesures sont entrées en vigueur, comme prévu dans l'accord signé, le 9 mai dernier, entre la direction et les syndicats. Les 5 000 ouvriers bénéficient de nouveaux horaires de travail, et la première tranche de la revalorisation salariale accordée figure sur les bulletins de paie de juillet. L'autre moitié sera échelonnée jusqu'à juillet 2006. Dix ans après sa mise en fonction, Melfi tourne, ainsi, la page sur son modèle d'origine.

Mesures d'incitation

Au début des années 1990, Fiat propose d'ouvrir deux usines dans le Sud, mais seulement s'il peut obtenir des conditions comparables à celles que lui offrent le Portugal ou l'Irlande. Les branches mécanique et métallurgie des syndicats CGIL, CISL et UIL jouent le jeu. Un pacte est signé, en 1991, entre Fiat, le gouvernement - des mesures d'incitation sont prévues pour l'implantation d'activités dans le Sud - et les syndicats. « Nous embauchions des jeunes de la région, souvent privés de toute expérience industrielle. Il n'y avait pas de raison de leur accorder les acquis sociaux conquis en des décennies sur les autres sites », souligne-t-on chez Fiat. Si les salariés de Melfi bénéficient de la convention collective de la mécanique et de la métallurgie, c'est sans les avantages prévus par les accords d'entreprise. L'usine tourne six jours sur sept, et les salariés enchaînent deux semaines de six jours, puis une de trois, alors que les autres «Fiat» travaillent cinq jours sur sept. « La priorité était de permettre aux jeunes de la région de travailler dans une grande entreprise plutôt que de rester chômeurs ou précaires », explique-t-on à la Fiom-CGIL, moteur de la protestation en avril dernier.

Différence de salaires

Car le nouveau modèle ne tarde pas à montrer ses limites. « Nous avions commencé à soulever la question des horaires dès 1999 », dit-on à la Fiom. Un problème se pose, en effet, lorsque, environ deux fois par an, les salariés doivent effectuer les nuits, sur deux semaines consécutives de six jours. En outre, les ouvriers s'exaspèrent de la différence de salaires par rapport à ceux du reste du groupe : ainsi, le travail nocturne n'est majoré que de 45 % à Melfi, contre 60,5 % dans les autres usines. Mais Fiat veut ignorer les symptômes du malaise. Jusqu'à ce que la crise éclate et paralyse l'activité trois semaines durant... Depuis juillet, donc, les salariés de Melfi alternent une semaine de six jours et une de quatre jours, ce qui met fin au fameux «double tour». Les différences salariales seront progressivement gommées.