logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

L'entreprise, acteur n° 1 de l'épargne retraite

Dossier | publié le : 12.10.2004 |

Selon l'enquête annuelle du Club de l'épargne salariale, dévoilée le 11 octobre, les salariés sont conscients de la nécessité de capitaliser pour améliorer leur retraite, et font de l'entreprise leur premier interlocuteur dans ce domaine.

Cette fois, le virage est pris : les salariés interrogés dans le cadre de l'enquête annuelle du Club de l'épargne salariale, rendue publique le 11 octobre, ont intégré l'idée que la capitalisation sera indispensable à une retraite sereine. Les réponses à ce sondage, réalisé par Hewitt, JPMorgan Fleming et Natexis Interépargne, illustrent les changements d'état d'esprit à l'oeuvre depuis au moins un an sur le sujet de la préparation de la retraite.

Un mois de salaire

Les salariés interrogés sont, en effet, prêts à y consacrer beaucoup chaque année. « 7,38 % de leur salaire actuel, c'est-à-dire presque un mois de salaire, indique Thierry de Beyssac, président de Hewitt France. Mais, en outre, 64 % d'entre eux acceptent de voir leur investissement bloqué dans un fonds jusqu'au départ à la retraite. »

Le pont entre épargne salariale et retraite semble bien, désormais, jeté, alors qu'il y a encore un an, personne n'osait parler de retraite en évoquant les PPESV. La loi Fillon, autant par le principal véhicule qu'elle a créé (le Perco), que par le débat qu'elle a entretenu, a fait sauter le tabou. « Désormais, on ne compare plus PEE et Perco, mais Perco et article 83, confirme Dominique Coudert, directeur du développement de Natexis Interépargne. C'est dire que l'épargne salariale a bien pris place dans l'univers de la retraite. »

Optimisme des salariés

Aujourd'hui, certes, les salariés ont encore une idée optimiste du taux de remplacement de leur dernier salaire : ils indiquent 63 %, ce qui serait la moyenne actuellement, mais ils n'anticipent pas la dégradation des taux d'ici à vingt ans, ce qui entraîne une surestimation de 10 points pour les cadres et les cadres supérieurs.

Mais, ces mêmes salariés estiment qu'ils auraient besoin de près de 84 % de leur dernier salaire une fois à la retraite. Ils envisagent donc l'existence d'un différentiel de plus de 20 points à combler entre le montant de leur retraite par répartition et leurs besoins.

Aide de l'entreprise

Prêts à capitaliser... mais pas sans l'aide de leur entreprise, qu'ils considèrent, désormais, comme l'interlocuteur n° 1 pour préparer la retraite, avant la Sécurité sociale, et au même niveau que les acteurs traditionnels de l'épargne personnelle (banque, assurance). L'épargne constituée au sein de l'entreprise (plans d'épargne retraite ou régimes collectifs obligatoires) est préférée, notamment, à l'assurance vie (58 % contre 39 %), avec une différence largement plus forte que cette moyenne pour les moins de 25 ans. L'épargne retraite d'entreprise peut donc constituer, à l'embauche, un véritable avantage compétitif pour l'entreprise.

Politique de rémunération

Mais il faut investir : 68 % des salariés interrogés demandent à l'employeur de participer au financement d'un plan de retraite supplémentaire dans le cadre de sa politique de rémunération. « La retraite devient un élément de la politique de rémunération, commente Thierry de Beyssac. Les augmentations de salaire restent préférées par les jeunes et les bas salaires, mais la donne a changé pour les plus de 40 ans et les hauts salaires, qui recherchent une rémunération différée et défiscalisée. Un certain nombre d'entreprises pourraient, d'ailleurs, commencer à négocier des articles 83 contre des augmentations de salaires limitées. »

La réflexion se fait clairement à masse salariale globale identique. Elle n'a rien d'inédit : beaucoup d'entreprises avaient déjà négocié l'application des 35 heures contre une modération ou un gel des augmentations salariales. En continuant de pousser le raisonnement autour du dispositif des retraites, mais aussi de la couverturesanté ou de l'attribution d'une voiture, certaines entreprises sont en train de mettre en place de véritables «cafeteria plans», mêlant des rémunérations flexibles en fonction des options de couverture santé, de retraite, voire de temps de travail choisies. Et pourraient aboutir dès le premier semestre 2005.