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« Le Perco est un produit dangereux, car fondé sur des paris »

Dossier | ENTRETIEN AVEC | publié le : 12.10.2004 |

E & C : Que pensez-vous du Perco ?

M. L. : Ni au CIES, ni à la CFE-CGC, nous ne sommes opposés, par principe, à l'épargne retraite. Nous sommes, actuellement, pris entre deux réflexions, sachant qu'on ne gère pas un produit d'épargne retraite sur cinquante années - si on additionne le temps des cotisations et celui des versements -, comme on gère un produit d'épargne salariale sur cinq ans. Notre première réflexion est que le Perco est un produit dangereux, car il fait trois paris : qu'il n'y aura pas de forte inflation sur une longue période ; que la législation ne changera pas ; et qu'il n'y aura pas de crise boursière. Les épargnants qui ont perdu de l'argent en 1929 n'ont pas pu rentrer dans leurs fonds, puisque les indices boursiers n'ont retrouvé leur niveau que dans les années 1950. Mais, d'autre part, notre travail consiste à faire en sorte que le Perco devienne un produit moins dangereux.

E & C : Allez-vous labelliser des gestions de Perco ?

M. L. : Les prochaines labellisations du CIES interviendront au premier trimestre 2005. Nous verrons s'il est possible de labelliser des gestions de Perco. Nous allons, bientôt, prendre contact avec des gestionnaires.

E & C : Que pensez-vous du Pere et du Perp ?

M. L. : Le CIES n'a pas engagé de réflexion sur le Pere ni sur le Perp, car ce ne sont pas des produits collectifs. A titre personnel, je dirais, cependant, que ces produits sont encore plus dangereux que le Perco, car ils ne fixent aucune règle d'investissement des fonds, qui pourraient, en totalité, aller sur les actions d'une entreprise, au détriment du principe de diversification. Par ailleurs, je ne vois pas l'avantage d'un Pere par rapport à un article 83. A mon avis, là où un article 83 a déjà été mis en place, le Pere ne se développera pas.

E & C : Craignez-vous que le développement de ces produits se fasse au détriment des salaires directs ?

M. L. : Il est évident que les entreprises sont amenées à faire des arbitrages entre salaires directs et salaires différés, et que, d'une main, elles font payer aux salariés ce qu'elles leur donnent de l'autre. Une étude a montré que les PME qui ont mis en place de l'épargne salariale ont moins augmenté les salaires , en cinq ans, que celles qui n'en proposent pas.

* Il est secrétaire national chargé des questions économiques à la CFE-CGC.