Les personnes d'origine étrangère ne sont pas partout traitées à égalité avec les Français de souche, loin s'en faut. A diplôme égal, il semble que les jeunes issus de l'immigration maghrébine, par exemple, ont entre deux et trois fois plus de risques de se trouver au chômage que les jeunes nés de parents français. Et la situation paraît encore pire pour les personnes d'origine noire africaine.

Parce qu'ils n'ont pas un nom «bien français», parce qu'ils sont de couleur ou, tout simplement, parce qu'ils habitent un quartier défavorisé, certains se heurtent à des refus d'embauche, de stage, ou sont cantonnés dans des travaux subalternes et/ou pénibles, sans perspective d'évolution.

Il semble bien, dès lors, que le travail soit le plus fort vecteur de discrimination pour les personnes issues de l'immigration ; 41 % de celles ayant composé le numéro d'appel gratuit (114) pour les victimes de discriminations déclaraient en subir dans le domaine de l'emploi, de la vie professionnelle et de la formation.

Pour tenter non seulement de lever le voile sur ce phénomène - d'autant plus difficile à appréhender que la catégorisation par l'origine ethnique est interdite en France -, mais aussi de contribuer à le faire régresser, Sophie Massieu passe en revue huit cas de discrimination couvrant toute la palette du racisme ordinaire à l'embauche, en passant par la carrière bloquée ou l'incidence négative de l'origine ethnique sur le salaire.

Mais, au-delà de la dénonciation de cas, l'auteur cherche à comprendre où, et pourquoi, la machine s'enraye. Son objectif avoué est de favoriser une prise de conscience par le monde de l'entreprise dans son ensemble, ce qui reste, pour elle, le meilleur moyen de sortir de ce racisme latent d'une société qui n'a toujours pas liquidé son histoire coloniale.

Sophie Massieu, issue du Centre de formation des journalistes et diplômée en histoire et en sciences politiques, collabore à différents magazines de la presse écrite ou radiophonique.