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25 % des salariés prêtsà débloquer leur épargne

L'actualité | L'événement | publié le : 28.09.2004 |

Un quart des salariés bénéficiant d'un plan épargne entreprise (PEE) devraient profiter de la loi sur la relance de la consommation pour débloquer leurs avoirs. Le message sur l'épargne retraite est brouillé et les sociétés de gestion ont à faire face à l'afflux des demandes.

C'est Noël à l'automne : à peine informés de leurs droits ouverts par le «dispositif Sarkozy», une bonne partie des salariés se sont déjà précipités pour retirer leurs avoirs des plans d'épargne d'entreprise (PEE). A dater de sa publication, le 11 août dernier, les employeurs avaient, en effet, un mois pour communiquer sur la loi de relance de la consommation, concoctée par le ministre de l'Economie. Nul, ou presque, n'ignore plus, désormais, qu'il peut récupérer ses droits constitués au titre de la participation avant le 16 juillet dernier, à hauteur de 10 000 euros au maximum, et ce, jusqu'au 31 décembre prochain. Une aubaine qu'ont, par exemple, saisie 24 000 salariés de PSA Peugeot Citroën. « Nous recevons, en ce moment, 1 500 demandes par jour », précise Patrick de Vanssay, responsable de l'épargne salariale chez le constructeur automobile.

Avenant à l'accord de participation

Chez SFR-Cegetel, gros succès également : « Dès le début de l'été, nous avons reçu des demandes par courrier et par e-mail », indique Gérard Taponnat, directeur du droit social. Particularité de l'entreprise : une moyenne d'âge de 30 ans, donc des objectifs de consommation importants (équipement ménager, voiture...). SFR-Cegetel a signé un avenant à l'accord de participation, tel que prévu par la loi Sarkozy. Il permet de solliciter un retrait avant le 1er octobre, date à laquelle chaque salarié pourra le faire, accord ou pas. Les accords concernent aussi les fonds investis pour un tiers au moins en titres de l'entreprise, qui ne pourront pas être débloqués sans avenant.

L'humeur maussade des banques

Selon les premières projections des grandes sociétés de gestion de l'épargne salariale, entre 20 % et 25 % des salariés devraient profiter du dispositif et retirer autour de 15 % des encours. Autant dire que, dans les banques, on a l'arme au pied et, souvent, l'humeur maussade.

« Sur 2,3 millions de salariés ayant un compte chez nous, 500 000 à 600 000 devraient sortir une moyenne de 2 500 à 4 000 euros, pronostique Guy Cabessa, président du directoire de Natexis-Interépargne, le numéro un du secteur en France. 15 % à 20 % de nos encours vont sortir. Dans une activité à faible marge, ce ne sera pas neutre sur les comptes financiers des sociétés de gestion, même si les pouvoirs publics ont accepté une tarification exceptionnelle de ces opérations de retrait (15 euros, en général, NDLR). »

Des effets qui se feront surtout sentir fin 2005 avec, outre la baisse des encours, une absence de facturation sur les comptes vidés. Sans compter les efforts déployés par tous les gestionnaires de comptes pour faire face aux demandes. Interépargne, a, ainsi, recruté une soixantaine d'intérimaires sur sa plate-forme de 200 personnes, rien que pour le dispositif Sarkozy, qui lui vaut déjà 12 000 demandes par jour.

Manque de cohérence

Quant au message véhiculé par cette loi, la plupart des acteurs de l'épargne salariale relèvent un problème d'incohérence. « Cette décision est difficile à expliquer, alors qu'on sort d'une période où les débats autour des lois Fabius, puis Fillon ont permis de faire de la pédagogie sur l'épargne salariale, et sur la nécessité d'investir à long terme », résume Guy Cabessa. Même sentiment pour Henri Alline, président du Club de l'épargne salariale et en charge de ce dossier chez Rhodia, qui a rappelé au services du ministre des Finances, dès le début de l'été, que le dispositif sortait de l'esprit de l'épargne salariale.

Côté syndical, Michel Lamy, qui siège pour la CFE-CGC au Comité intersyndical de l'épargne salariale (CIES), souligne que celui-ci « est hostile aux fonds de pensions, mais qu'on ne peut pas livrer ainsi un message et son contraire ». Chez PSA, où la participation est investie sur un compte courant bloqué, on ne craint pas trop le brouillage du discours sur l'épargne. Michelin, lui, a choisi de ne pas signer d'accord pour le fonds en actions, « car cela irait à l'encontre de l'objectif de long terme mis en avant ».

Tour de passe-passe

Mais, ailleurs, au sein des entreprises, l'enjeu n'est pas prégnant non plus, selon les grandes sociétés de conseil en rémunération, comme Hewitt ou Towers Perrin, très peu sollicitées par leurs clients sur le sujet. Pourtant, quelques entreprises, parmi celles qui améliorent les versements de leurs collaborateurs sur le PEE, auront peut-être à prévoir un petit tour de passe-passe : techniquement, rien n'interdit à un salarié de débloquer ses avoirs, pour les réinvestir au même endroit par la suite... en repassant à la caisse de l'abondement.

La loi atteindra-t-elle son objectif ? Certains vendeurs d'écrans plasma se frottent, paraît-il, les mains. « Selon les prévisions de Bercy, le dispositif pourrait faire sortir 3,5 à 5 milliards d'euros, en partie du marché actions, explique un spécialiste du dossier. C'est une journée de Bourse. Si ça sert à acheter du DVD chinois, ce sera une reprise de la consommation en trompe l'oeil. Cela rapportera un peu de TVA pour l'Etat, mais c'est tout. Nicolas Sarkozy, lui, entre temps, aura quitté Bercy ».