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a voscalculettes!

Dossier | publié le : 28.09.2004 |

Quel sera l'impact financier de la réforme de la formation professionnelle ? Comment rendre gérable le Droit individuel à la formation (DIF) pour les entreprises sans créer de frustration chez les salariés ? Réflexions stratégiques et simulations chiffrées se mêlent dans un climat d'inquiétude.

Un DRH rencontre un autre DRH. « Hou !-là-là, la réforme de la formation, c'est DIFficile, chez nous », rigole le premier. « Oh, tu sais, chez nous, réforme ou pas, c'est DIF-DIF bourricot », renchérit le second. Effet inattendu de la réforme de la formation professionnelle : le milieu RH bruisse de ces traits d'humour depuis plusieurs mois. C'est un signe : l'humour a toujours permis d'évacuer les tensions.

Juridiquement, où en est la réforme ? Suite à la loi du 4 mai 2004, des discussions de branche se sont plus ou moins enclenchées ; à peine une vingtaine d'accords (dont la plupart sont proposés dans ce dossier) sur les 270 potentiels ont abouti, et de nombreusesbranches n'ont pas encore commencé les négociations.

Parallèlement, la publication des décrets nécessaires à l'ouverture de ce chantier a pris beaucoup de retard, alors qu'elle était promise pour la fin juillet. Trois décrets seulement sont parus à la mi-septembre. De plus, sous prétexte de « respecter l'autonomie des partenaires sociaux », qui négocient la mise en oeuvre de la loi, l'administration ajoute qu'aucune circulaire globale ne viendra préciser l'ensemble du nouveau dispositif de formation, notamment la date d'entrée en vigueur du Droit individuel à la formation (DIF). Ajoutez à cela l'interrogation sur le provisionnement du DIF, sur lequel le Conseil national de la comptabilité ne s'est toujours pas prononcé, et vous obtenez un tableau juridique du sujet encore très trouble.

Manque de lisibilité

Ce manque de lisibilité alimente l'inquiétude des entreprises, qui tentent de dessiner de nouvelles stratégies et s'essayent à la simulation financière du coût de cette réforme. L'exercice chiffré est périlleux tant sont nombreuses les variables de calcul. Les simulations proposées dans ce dossier sont donc à manipuler avec précaution. Elles ont cependant un vrai mérite : celui de lancer les débats.

Comme le rappelle Marc Dennery, directeur de la formation et de l'emploi d'un grand groupe de services, dans son livre Réforme de la formation professionnelle (ESF éditeurs), « les variables entrant dans les scénarii du DIF seront le taux d'appropriation du dispositif par les salariés, le taux de transfert des actions du plan de formation vers le DIF, le coût horaire moyen du DIF et les modifications liées à un accord de branche ou d'entreprise ».

Gérer les demandes

Alain-Frédéric Fernandez, du cabinet CAA, et auteur du livre Le DIF (Dunod), estime, lui, que, « dans tous les cas de figure, le DIF représente un coût et une dérive financière dont on n'a pas encore mesuré l'impact, et ce, quelle que soit la stratégie adoptée par l'entreprise ». Xavier-Marie Masse, responsable du cabinet Cimes, spécialisé dans l'externalisation de la formation, se méfie des « simulations en vrac qui s'assimilent à du «western» », mais il pointe un enjeu majeur : le management de cette affaire par la hiérarchie intermédiaire et la formation des managers à la gestion des demandes de DIF de leurs collaborateurs.

Zones d'incertitudes

Philippe Joffre, du cabinet Foragora-Accor, également spécialisé dans l'externalisation de la formation, veut tenir, lui aussi, un discours mesuré sur les coûts de la réforme : « Certaines simulations sont idéologiques, tout dépendra du passé formation de l'entreprise. »

La réaction de l'offre de formation et les politiques des Fongecif constituent d'autres zones d'incertitudes. Même si certains organismes de formation déclarent mettre en circulation, aujourd'hui, des «catalogues DIF», le marché est globalement attentiste, cette réforme étant autant porteuse de phénomènes d'individualisation que de massification de la formation, aux effets difficilement mesurables. D'autres s'attendent également à ce que cette réforme relance la carrière du e-learning.

Des Fongecif débordés

Les Fongecif prendront-ils la relève des entreprises qui refusent les DIF ? Là aussi, la plus grande perplexité règne, tant sur leurs capacités financières que sur leurs capacités de traitement. Plus le coût pédagogique horaire du DIF se rapprochera de 9,15 euros (tarif retenu pour le financement des prestations DIF par les Fongecif), plus le demandeur aura de chances de l'obtenir, mais c'est un prix de marché bas.

Par ailleurs, certains responsables de Fongecif s'inquiètent de leur incapacité à traiter des demandes massives de DIF, et semblent déjà opter pour des fins de non-recevoir automatiques.

Chez tout le monde - RF, prestataires, financeurs -, les calculettes n'ont jamais autant chauffé.

L'essentiel

1Une forte imprécision juridique règne encore sur la réforme de la formation professionnelle. La totalité des décrets ne sont pas parus, et les branches n'ont pas toutes signé un accord.

2Une grande incertitude financière inquiète les entreprises. Les simulations sur le coût de la réforme ou sur celui du Droit individuel à la formation (DIF) les effraient.

3Les responsables formation ont, dans ce nouveau contexte, l'opportunité de devenir des acteurs très importants de la vie de l'entreprise.