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Horloge franc-comtoise et bandit manchot

Demain | Chronique | publié le : 28.09.2004 |

En matière d'agitation stérile et de stress, on croit toujours avoir déjà vu le pire. C'est faux, hélas.

Et voici encore un exemple intéressant pour alerter, une fois de plus, sur les méfaits possibles du sacro-saint «changement» dont on nous rebat les oreilles à longueur de séminaire et de discours lénifiants.

L'homme que je rencontre est harassé. Une couche de stress, une couche d'amertume, une pincée de gratification et beaucoup de sauce pour tenter de donner du goût à l'ensemble : le quotidien, somme toute banal, du manager de terrain.

En discutant, audit oblige, je découvre l'ampleur de la machine à broyer dans laquelle on le secoue depuis des mois en espérant des jours meilleurs pour la compagnie qui l'emploie, un acteur majeur de services implanté dans toute la «vieille Europe», comme on dit maintenant.

C'est pour eux la phase stratégique de la réorganisation (la cinquième en douze ans...).

Cette fois, c'est du sérieux (les coups d'avant, c'était probablement pour amuser la galerie, semer quelques traînards dans la confusion des déménagements, et promouvoir, à l'occasion, de jeunes khalifes en remplacement des archéos trop usés pour suivre le mouvement. C'est comme ça. On est en France. Le bazar reconstructif, c'est notre talent particulier.)

Ecoutons mieux notre victime du jour :

« J'ai bien connu la phase de décentralisation. J'en ai même été un acteur très impliqué. Et voilà maintenant qu'on regroupe tout au siège. Pour mieux mutualiser. Air connu. Je ne dis pas que c'est idiot. Je dis que c'est difficile de raconter ça avec conviction à tous ceux qui ont à peine eu le temps de s'adapter à la configuration d'avant. Laquelle n'était d'ailleurs pas complètement en place. On me dit que c'est une opportunité réelle pour les jeunes. Admettons. Mais après les blablas de ce genre, c'est quand même moi qui dois me taper de reclasser tous ceux qui n'ont plus de place dans la nouvelle configuration. Et c'est pas facile ! »

Courte pause. Il reprend son élan. « On me dit que ces va-et-vient sont normaux, comme le battement d'une horloge franc-comtoise. Peut-être. Mais l'image du bandit manchot et son bruit de tirelire me paraît plus exact. On tire sur la machine en imaginant gagner le jackpot. Mais la plupart du temps, on perd ! »

A méditer...

Pierre-Loïc Chantereau <www.equation-management.com>