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Nestlé s'oriente vers une vente de Perrier

SANS | publié le : 21.09.2004 |

Après le retrait forcé de son plan de restructuration, la direction de Nestlé Waters envisage de vendre son usine Perrier et de filialiser tous ses sites français.

Le "champagne des eaux" quittera-t-il le giron de Nestlé Waters ? Rien n'a encore été officiellement annoncé. Mais la direction du groupe s'oriente vers une vente de l'usine qui embouteille Perrier, à Vergèze (Gard). Le 15 septembre, au cours d'un comité central d'entreprise extraordinaire (CCE), le président de Nestlé Waters France, Richard Girardot, a confirmé que cette « hypothèse [...] serait envisagée parmi d'autres projets ». En outre, il a présenté « le principe de la filialisation des établissements industriels et du siège social ».

Contrecarrer la CGT

Quatre filiales seraient, ainsi, créées : Perrier, Vittel-Contrex (Vosges), Quézac (Lozère) et le siège d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Objectif : isoler la CGT, non majoritaire sur ces trois derniers sites. Ainsi, elle ne pourrait plus s'opposer au plan de restructuration annoncé en janvier dernier. Dans celui-ci, Nestlé Waters envisageait de recourir à la préretraite, sur la base du volontariat. La proposition soumise au CCE prévoyait le départ de 1 047 personnes de plus de 55 ans d'ici à 2007, sur un total de 4 100 emplois dans le groupe. En contrepartie, la direction proposait 276 embauches, soit un emploi pour quatre départs.

Mais la CGT, ultramajoritaire, ne l'entend pas de cette oreille. Depuis neuf mois, à coups de grèves tournantes et d'actions en justice, elle dénonce un « plan social qui ne dit pas son nom », et revendique un taux de remplacement de 50 % à 60 % des départs. Le 22 juillet, la CFDT et la CFE-CGC ont signé l'accord. « Dans le métier de l'embouteillage des eaux minérales, nous sommes les derniers de la classe sur la totalité des ratios, surtout à Vergèze. L'accord proposé par la direction était équilibré. A 95 %, les gens étaient prêts à partir », expliquait alors Bernard Marcy, délégué syndical central CFE-CGC.

Utilisation du droit d'opposition

C'était sans compter la CGT. Se saisissant des dispositions de la loi Fillon du 4 mai 2004 sur le dialogue social, elle a contrecarré les projets de Nestlé Waters. Pour la première fois, un syndicat a fait usage du droit d'opposition accordé aux organisations majoritaires sur la base des suffrages exprimés et non plus des inscrits aux élections professionnelles. Sur les sites de Perrier, Vittel et Contrexéville, la CGT représente 55 % des suffrages exprimés, et seulement 47 % des inscrits.

Le 15 septembre, la CGT a dénoncé « une déferlante de chantage honteux et une pression » de la part de la direction. Elle a demandé la réouverture des négociations sur les préretraites. En vain. « C'est trop tard, répond Richard Girardot. [...] La seule solution serait que la CGT revienne sur son droit d'opposition. » Le dernier recours semble être Nicolas Sarkozy, qui devrait recevoir le Pdg, le 21 septembre, afin de préciser les conditions de maintien de Nestlé Waters France.