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« Le vrai contre-feu, c'est l'innovation »

SANS | publié le : 21.09.2004 |

E & C : ST-Microelectronics, Ronal SA, Klaxon... Toutes ces entreprises transfèrent tout ou partie de leurs activités à l'étranger. Pensez-vous que les sociétés françaises peuvent éviter ces délocalisations ?

F. G. : Il est inutile de vouloir rivaliser avec des pays à faible coût de main-d'oeuvre. Pour un produit standard, banal, la France ne sera jamais compétitive. La différence peut, en revanche, se jouer sur la valeur ajoutée du produit. Il fut un temps où réduire les coûts, c'était créer de la valeur. La croissance était forte. Faire de la productivité "sur le travail" allait de soi. Mais le contexte a changé. La différenciation compétitive des entreprises exposées à la concurrence passe par une "sortie par le haut" et celle-ci par une meilleure productivité organisationnelle. Actuellement, de nouvelles formes de concurrence portent sur la diversité, la qualité, les délais, l'innovation. Or, les entreprises s'arc-boutent sur la gestion qui a servi à leur croissance, au moment où il leur faudrait apprendre à se développer autrement en valorisant leurs ressources internes.

E & C : Mais justement, comment revaloriser le travail ?

F. G. : Le vrai contre-feu, c'est l'innovation. Cela implique de rendre les salariés plus mobiles et plus polyvalents. Malgré des tâches répétitives, un salarié a souvent appris aussi à travailler sur un nouveau produit, à changer de poste. Il faut développer tout ce qui requiert des compétences pointues, spécifiques, en réorganisant le cycle de la production, de la conception à la fabrication, et ce, en valorisant notre mémoire industrielle. A ce titre, la validation des acquis de l'expérience joue un rôle primordial.

E & C : Que pensez-vous du dispositif anti-délocalisations proposé par Nicolas Sarkozy, à savoir des allègements de charges sociales ou des crédits d'impôts ?

F. G. : Ce n'est pas en réduisant de 10 % ou de 20 % les charges sociales que l'on va combler le différentiel de salaire avec les pays à bas coût. Ce dispositif est de la poudre aux yeux. Il faut s'attaquer au système d'organisation productive bien plus qu'aux règles fiscales. Les solutions sont à trouver du côté de l'organisation du travail, de la formation, de la technologie, bref, de tout ce qui favorise l'innovation, mais elles ne sont que marginalement du ressort de la fiscalité.

* Auteur de La gestion contre l'entreprise, réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur (éd. La Découverte) et de L'autre nouvelle économie (éd. de L'Aube).

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