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Consensus sur une reprise malgré des incertitudes

SANS | publié le : 14.09.2004 |

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Consensus sur une reprise malgré des incertitudes

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A l'issue d'une année de procédure, le tribunal a tranché en faveur d'un repreneur. Tati évite ainsi la liquidation. En outre, même après l'audience, sous la pression des syndicats, le repreneur a continué d'améliorer son offre. Peu de salariés se trouveront sans solution. Mais beaucoup d'autres craignent leur nouveau patron.

Le vichy rose survivra. La «saga» Tati n'est pas terminée, si l'on en croit le nouveau propriétaire de l'enseigne, choisi par le tribunal de commerce de Paris, le 5 août dernier. Lucien Urano, patron de la marque de discount textile Fabio Lucci, se dit fier d'acquérir ces magasins devenus mythiques. Il ne s'agit donc plus, désormais, d'une affaire de famille. Fin de l'époque Ouaki, à l'origine de l'enseigne. Le dernier d'entre eux, Fabien, s'est résolu à la cession de l'entreprise, en dépôt de bilan depuis un an.

Deux repreneurs possibles

Après plusieurs prolongations de la période d'observation, et la recherche infructueuse d'un partenaire pour une continuation, Fabien Ouaki et l'administrateur judiciaire Henri Chriqui n'ont pu proposer au tribunal que deux solutions de reprise pour éviter la liquidation pure et simple. Sur 997 emplois, Lucien Urano proposait d'en conserver 667. Il a, depuis, amélioré son offre de 37 postes supplémentaires.

Sur les 293 suppressions d'emploi prévues, 87 concernent les 5 magasins de la région parisienne et de province que Lucien Urano ne reprend pas. « Or, ces sites bénéficient encore d'un sursis accordé par le tribunal, indique Me Chriqui. Et ils peuvent être repris dans le cadre de solutions locales. » Situation compliquée, car l'administrateur doit légalement mettre en oeuvre le PSE, au plus tard un mois après le jugement. Le 5 septembre, une lettre devait donc être expédiée aux salariés concernés, y compris dans les magasins en attente de repreneur. Dans le même temps, Me Chriqui attend les offres pour ces sites jusqu'au 15 septembre prochain.

C'est l'épilogue d'un redressement délicat : le cas Tati a été suivi de près par la presse et l'enseigne a une tradition de gestion sociale et de dialogue constant avec les partenaires sociaux. « Nous avons souhaité aller au-delà de la loi en matière d'information et de participation des salariés, indique Me Chriqui. Le redressement est toujours une phase où les gens sont très inquiets. Nous avons créé une commission de réflexion qui intégrait les partenaires sociaux pour identifier des solutions. Nous avons aussi fait venir les repreneurs potentiels pour qu'ils présentent eux-mêmes leur projet aux salariés. »

Négociations off

« En juin, nous avons mené trois semaines de négociations off, tous les jours, sur tous les aspects de la restructuration commerciale et sociale, confirme Albert Hamoui, responsable juridique de la fédération CFTC commerce. La commission rassemblait des membres du CCE, des représentants fédéraux des syndicats, les administrateurs et la direction. A la sortie, un consensus s'était dégagé sur l'idée que nous devions accepter 200 suppressions de poste. Nous avions déjà 67 FNE possibles et une vingtaine de départs souhaités. »

Tout n'a évidemment pas été simple. Les syndicats relèvent volontiers les scories d'une longue procédure : « manque de transparence », affirme la CGT commerce ; injonction du tribunal pour la nomination d'un expert indépendant, souligne la CFTC, majoritaire ; plan social pour le siège annulé en février dernier, en raison de la faiblesse des mesures d'accompagnement ; enfin, le cas épineux des 78 salariés de Giraud logistique, ex-Tati externalisés, et dont le contrat prévoirait une réintégration en cas de cession.

Enfin, dans l'attente de la liste des postes à supprimer, l'ambiance est lourde. Les entrepôts restent bloqués par les salariés de Giraud en grève, et les anciens de Tati ont vu arriver dans les bacs, dès le mois d'août, les produits Fabio Lucci, qu'ils ne jugent pas meilleurs que ceux de leur enseigne.

« Sur le bilan global, nous sommes agréablement surpris », concède, pourtant, aujourd'hui, Stéphane Fustec, de la fédération CGT commerce. La casse aurait pu, en effet, être plus sévère. Lucien Urano a aussi accepté une priorité d'embauche pour les ex-Tati et a amélioré le plan social à hauteur de 400 000 euros pour l'accompagnement aux reclassements.

Une autre époque commence

Une autre époque commence pour la plupart des salariés, sous la protection du fameux article L122-12 du Code du travail, qui garantit la reprise de leur contrat de travail et de leur ancienneté. Leur 13e mois et leur mutuelle pourraient, eux, être remis en cause dès septembre 2005, si Fabio Lucci dénonce les accords d'entreprise (L132-8).

Il leur faudra aussi s'entendre avec ce nouveau patron, qui passe pour moins «social» que la famille Ouaki. Son apparition à la cantine du magasin de Barbès, dès le lendemain de son acquisition, a suscité quelques inquiétudes. « Il est venu nous dire que, chez lui, il n'y a pas de 13e mois et qu'il va falloir se mettre au boulot », affirme une vendeuse.

G. L.N.