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Bras de fer entre salariés et direction de Nestlé

SANS | publié le : 14.09.2004 |

Depuis la mi-mai, le site de Nestlé-Saint-Menet à Marseille est sous le coup d'un projet de fermeture annoncé par la direction.

Le site de Nestlé-Saint-Menet, à Marseille, qui produit du café soluble et décaféiné et des tablettes de chocolat, a déjà perdu une centaine de salariés à l'issue d'un plan social en 2002. Cette fois-ci, la totalité des 427 salariés et un millier d'emplois indirects sont menacés par la fermeture de l'usine, qui cesserait toute activité en juin 2005 ; 77 personnes de plus de 55 ans bénéficieraient d'une «préretraite maison» et un nouveau poste serait offert à chaque salarié, en France ou à l'étranger, y compris en Russie, où une usine est en construction. Le groupe a promis une réindustrialisation du site avec «au moins 300 emplois». « La direction s'est engagée à retrouver du travail à chacun. Le plan social mettra aussi l'accent sur la formation et la VAE en y consacrant plus d'un million d'euros », insiste Eric Boullet, directeur de la communication de Nestlé France.

Offre de reprise écartée

Mais, trois mois après l'annonce, le livre IV, qui inaugure la procédure de plan social, n'a toujours pas été ouvert. Car le personnel veut encore croire à un sauveur : les Cafés Legal s'est manifesté comme éventuel repreneur. Une proposition déclinée par Nestlé France : « C'est une offre médiatique et pas sérieuse. Nous n'avons reçu aucun dossier étayé. » «Evidemment, rétorque Patrick Candela, délégué syndical CGT de l'usine de Saint-Menet. Nestlé n'a toujours pas communiqué les éléments qui permettraient aux Cafés Legal d'établir leur business plan.»

Les représentants du personnel ont décidé de porter l'affaire devant la justice. Fin juillet, le tribunal de grande instance de Marseille leur a donné raison en ordonnant la suspension de la fermeture du site. Dans ses attendus, il relève une contradiction dans la stratégie de Nestlé : le groupe conclut au «peu de sérieux de l'offre», tout en indiquant que l'usine reprise par Legal viendrait faire concurrence à ses autres sites de production de café soluble.

Le TGI a donc contraint la direction à réunir un CCE pour justifier sa décision de ne pas donner suite à l'offre de Legal. La réponse ne s'est pas fait attendre : tout en convoquant le CCE pour le 26 août, la direction a déposé une requête auprès des tribunaux de Meaux (77, département où est domicilié le siège de Nestlé France) et de Marseille pour que cette réunion soit une simple information et non une consultation. Colère des syndicats : ils ont boycotté le CCE du 26 août et fait appel. Meaux vient de débouter la direction. La décision de la cour d'appel d'Aix-en-Provence est attendue ces jours-ci.

A Saint-Menet, la lutte se poursuit. « Malgré la décision du tribunal, Nestlé met peu à peu en place la fermeture de l'usine, estime Patrick Candela. La charge de production est progressivement transférée à d'autres usines en Europe. » Le délégué en veut pour preuve la production des cafés décaféinés à Saint-Menet : elle vient d'être suspendue, officiellement jusqu'en janvier 2005.