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Une mesure pour l'emploi inégalement déployée

SANS | publié le : 07.09.2004 |

Six mois après les élections régionales, les élus de gauche tentent de mettre en place les emplois tremplins, programme phare de la campagne du PS. Si la Bourgogne, le Poitou-Charentes et l'Ile-de-France ont bouclé leur dispositif, la plupart des autres régions sont encore à la traîne.

Redite ou véritable innovation ? A les entendre, les élus de gauche, aux commandes des régions depuis mars dernier (hormis l'Alsace), ont fait table rase du passé et se sont orientés vers de nouveaux programmes pour contrer la montée du chômage. Leur modèle ne sont plus les emplois-jeunes, comme en 1997, mais les emplois tremplins, des postes en CDI, à destination des associations, le plus souvent assortis de formations. Leur cible ? Les jeunes, les plus de 45 ans ou encore, les chômeurs longue durée.

Des régions pionnières

Sur le terrain, le degré d'avancement est, toutefois, divers. Quelques régions se sont déjà mises au travail et ont élaboré des programmes détaillés, d'autres sont prêtes à passer aux actes, mais la plupart restent dans le flou. Parmi les pionnières, la Bourgogne s'est déjà mise au travail. François Patriat, nouvel élu, compte bien tenir ses promesses de campagne ; 2 000 emplois de ce type avaient été annoncés, au printemps. La situation n'est, en effet, pas très brillante : 19 % des jeunes sont au chômage et les diplômés quittent trop souvent la région après leur formation.

Prise en charge du coût de l'emploi

Le programme vise à favoriser les associations qui souhaitent développer des projets dans les domaines des nouvelles technologies, de la santé et de la solidarité, du sport, de la culture, ou les groupements d'employeurs. « Le monde associatif est à la dérive depuis la fin des emplois-jeunes », constate François Patriat. Le conseil régional prend à sa charge 50 % du coût de l'emploi les trois premières années, puis 40 % les deux années suivantes ; 200 000 euros ont été budgétés en 2004, mais, parallèlement, des recherches sont effectuées pour trouver des financements complémentaires via l'Etat ou les conseils généraux. Cent postes devraient voir le jour d'ici à la fin de l'année. Originalité : le conseil régional prend en charge 80 % du coût de la formation dans la limite de 250 heures.

L'Ile-de-France, particulièrement touchée par la multiplication des plans sociaux et les restructurations d'entreprise, ne veut pas, non plus, restée inactive. L'aide de la région sera de 15 000 euros par an et par emploi (environ 80 % du coût de l'emploi) pendant trois ans, puis dégressive les trois années suivantes. Mille emplois sont programmés en 2005, 4 000 à 5 000 d'ici à 2007.

Autre initiative : en Poitou-Charentes, le programme se décline en trois volets. Le premier axe concerne des bourses tremplins, pour les plus de 35 ans, désireux de créer leur emploi ou leur entreprise, à raison d'une aide pouvant atteindre 5 000 euros. Le deuxième axe cherche à révéler des emplois dormants dans les éco-industries. La région prend en charge 100 % du salaire les trois premiers mois d'embauche du jeune. Le dernier point concerne le bâtiment, qui peine à trouver de la main-d'oeuvre. La région subventionne les entreprises qui accompagnent, pendant deux mois, les jeunes éloignés du marché du travail, à hauteur de 300 euros mensuels sur six mois. Deux conventions ont été passées en ce sens avec la Fédération du bâtiment et la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment).

Encore en phase de réflexion

Toutes les régions n'ont pas encore pris la mesure du problème. Plusieurs conseils régionaux, comme en Paca et en Languedoc-Rousillon, sont toujours en phase de réflexion. Le conseil régional de Midi-Pyrénées s'oriente vers des emplois mutualisés qui permettraient à plusieurs associations de disposer de fonctions communes - webmaster, comptable -, qu'elles ne peuvent financer seules. En Rhône-Alpes, les premières études montrent des besoins dans les secteurs de l'aide aux personnes âgées, aux handicapés, le soutien scolaire ou encore la vie des quartiers. La région Centre réfléchit, de son côté, à une aide variable en fonction de la solvabilité des associations, de 10 à 15 millions d'euros par an, ainsi qu'à une aide formation.

Eviter les échecs

Dans les Pays de la Loire, en revanche, aucune avancée concrète n'a eu lieu. La région réfléchit sur les besoins du secteur afin d'éviter "l'échec du Civis". Idem pour la Haute-Normandie et l'Aquitaine. Aucun calendrier n'a été fixé. La Bretagne est également à la traîne. La région compte, pour l'heure, s'appuyer sur d'autres dispositifs existants : aide financière aux associations travaillant dans le domaine de l'éducation et de la protection de l'environnement, de l'économie sociale et solidaire ; le chèque insertion qui permet aux jeunes diplômés (du CAP à bac +5) de bénéficier d'une bourse de 400 euros par mois pour vivre une première expérience professionnelle de quatre à six mois en entreprise.

Mais, quel que soit le stade de réflexion, l'objectif 2004 est d'élaborer une architecture commune qui servira de base à un programme du parti socialiste pour les élections présidentielles de 2007. Trois ans pour convaincre du bien-fondé de la mesure.