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SANS

Libérer son esprit

SANS | publié le : 07.09.2004 |

L'esprit de l'homme a tendance à délimiter son univers, définir des frontières. Enfant, il commence par nommer les choses qui l'entourent, puis les expériences qu'il vit. Agréable, désagréable, bien, mal... Trop d'informations le submergent, donc il sélectionne : ça je prends, ça je laisse de côté. Naturellement, son explication du monde se construit à partir de sa sélection, qu'il veut rendre cohérente. Quelque chose ne rentre pas dans le cadre ? Il le rejette ou le critique. Jeune adulte, il doit choisir encore : études, métier, style de vie, mariage, logement, centres d'intérêt. La vie fourmille de bifurcations. Autour des choix effectués, des limitations se dessinent. Tant qu'on rêve d'acheter une voiture, toutes les voitures sont accessibles. Puis on en achète une. Ce jour-là, on perd toutes les autres. Choisir, c'est préférer et donc éliminer des possibles. Si cela mène au bonheur, c'est parfait. Mais si l'on se réveille un jour dans une vie compliquée, formatée à l'étroit, pas du tout conforme à ce que l'on avait espéré ?

Rebelle, l'esprit humain veut alors reprendre les choses en main. Il "nomme" de nouveau son expérience. Job stressant, responsabilités contraignantes, relations peu satisfaisantes..., justifiant, ainsi, sa vie décevante. Après les situations, il étiquette sa personnalité et celle d'autrui : « C'est parce que je suis quelqu'un d'exigeant que j'ai pris cette décision. J'ai des valeurs, moi ! », ou bien, « mon boss est vraiment impossible ». En le normalisant par une explication, le malaise devient un peu plus acceptable.

La vérité est que la personne n'a pas vu venir ce rétrécissement. Et qu'elle ne sait pas sortir des limites qui se sont progressivement installées. Cela nous arrive à tous. Effectivement, la construction de soi se fait par la sélection, l'engagement, le choix d'une option à chaque bifurcation. C'est un mouvement convergeant, focalisé. L'essor de la personnalité, en revanche, se fait en ouvrant les portes de sa citadelle. Mouvement d'ouverture, de réceptivité, presque l'inverse en somme. A nous de gérer en permanence ces deux dynamiques antagonistes. Où sont nos aspirations ? Nos espaces de liberté ? Dans notre vie, où est l'inconnu, le non encore cartographié ? Qu'avons-nous exploré de nouveau récemment, en résistant à la tentation immédiate de cataloguer cette expérience ?

Le "non-nommé" se trouve en dehors du train-train quotidien. Dans un voyage imprévu, une rencontre surprenante, un rythme différent du nôtre, un regard étranger, une perturbation joyeuse de notre cohérence patiemment construite au fil des années.

Vivre, c'est accepter d'avancer chaque jour dans cette terra incognita, cette zone inconnue qui n'aime pas la limitation. C'est libérer son esprit et son coeur, pour exister pleinement.