« Le travail s'est éclipsé du débat social à mesure que l'emploi l'envahissait. » Telle est la constatation dont part Philippe Askenazy, économiste chargé de recherche au CNRS.
Si la représentation du travail va dans le sens d'une minoration de la pénibilité liée à l'automatisation et au développement d'une société de services, on constate, pourtant, encore aujourd'hui, quelque 2 000 accidents du travail par jour, ce qui signifie un coût social, cumulé avec celui des maladies professionnelles, s'élevant à 3 % de la richesse nationale.
La fin du taylorisme n'a pas marqué la fin du productivisme, mais le passage à un productivisme "réactif", les nouvelles clés de compétitivité passant par l'adaptation permanente et la qualité des biens et des services.
Si le travail y a gagné en richesse, il est faux de penser que le stress en est la seule contrepartie. Une véritable épidémie de troubles musculo-squelettiques atteste que la pénibilité physique s'est accrue. Or, l'expérience américaine des années 1990 montre que l'amélioration de la santé et de la sécurité des travailleurs a participé à sa prospérité.
De mauvaises conditions de travail, des accidents et des maladies profesionnelles sont des aberrations socio-économiques.
La qualité du travail doit donc être vue comme une clé de l'innovation et non comme un obstacle à la création de richesses.