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Le transporteur en guerre contre l'amiante

SANS | publié le : 07.09.2004 |

A la SNCF, diverses actions visent à prévenir les cancers et autres pathologies dus à l'amiante, car la fibre est encore très présente dans ses ateliers d'entretien et de réparation du matériel roulant.

Une chargée de mission amiante, des installations spécifiques, un recensement des matériaux amiantés et des postes exposés, des formations pour les "préventeurs", un diaporama dédié au risque cancer, un suivi médical particulier... La SNCF ne lésine pas sur la prévention des cancers dus à l'amiante. Il faut dire que, sur 172 000 cheminots, 10 000 sont susceptibles d'inhaler des poussières d'amiante, essentiellement ceux travaillant à l'entretien/réparation du matériel roulant.

1 290 maladies reconnues

En outre, 1 290 maladies professionnelles dues à l'amiante - concernant essentiellement des retraités - ont été reconnues dans l'entreprise publique, avec près de 200 cas de "faute inexcusable" de l'employeur et plus de 100 décès recensés. Sud Rail, qui a porté plainte, en 2001, pour mise en danger d'autrui dans l'établissement de Saintes (79), se réjouit de voir, aujourd'hui, la SNCF se mobiliser sur le terrain de la prévention. Avec sept ans de retard, nuance toutefois le syndicat. « Nous élaborons, chaque année, une politique de prévention sur les risques majeurs en analysant les statistiques d'accidents du travail et de maladies professionnelles survenus l'année précédente, rétorque Jocelyne Kriner, chef du département prévention des risques professionnels à la SNCF. Ensuite, il appartient à chacun des 280 établissements de l'adapter. »

Formations spécifiques

Pour l'amiante, l'opérateur ferroviaire a pris des décisions au niveau central. Notamment la mise en place de formations spécifiques pour ses 330 "préventeurs". Lesquels doivent, ensuite, former les agents exposés. Selon Monique Lacombe, chargée de mission amiante pour la période 2002-2005, l'analyse des risques et l'adoption de mesures de protection sont systématiques sur les postes où une suspicion d'exposition existe. Sont particulièrement visés les travaux de chaudronnerie sur le matériel voyageurs, fabriqué jusqu'en 1990, dont la structure est revêtue d'un mastic insonorisant amianté. D'où la construction, à Saintes, d'un bâtiment spécifique permettant de faire entrer toute une rame pour la traiter dans un espace clos, disposant, entre autres, d'extracteurs d'air et de ventilateurs.

Claude Joie, du syndicat Sud Rail et membre de la CNHSCT, déplore que les autres ateliers d'entretien ne disposent pas de systèmes d'aspiration des poussières et de climatisation. « L'été, les agents ne portent pas les protections individuelles et les fenêtres restent ouvertes, laissant échapper des poussières d'amiante. »

La SNCF a aussi demandé un diagnostic du risque amiante à l'ensemble de ses établissements. Après restitution des résultats, ceux-ci ont dû établir des notices détaillées sur tous les postes sensibles.

Fiche individuelle

« Désormais, chaque agent concerné a une fiche individuelle d'exposition, réactualisée chaque année, à remettre au médecin du travail », souligne Monique Lacombe. Au médecin du travail - ils sont 220 à la SNCF - de décider, ensuite, une éventuelle surveillance. Par ailleurs, à la demande des syndicats, un dépistage supplémentaire est proposé aux agents (à partir de 49 ans) susceptibles d'être exposés. Environ 500 d'entre eux ont passé un scanner, permettant, ainsi, un dépistage précoce et une éventuelle cessation d'activité anticipée. « Des lésions bénignes, des plaques pleurales ont été décelées et des consultations spécialisées ont été proposées », signale le professeur Jacques Ameille, médecin chef du secteur nord-est de la SNCF.

SNCF

Effectifs : 172 000 salariés.

Population susceptible d'être exposée à l'amiante : 10 000.

Maladies professionnelles reconnues dues à l'amiante : 1 290.