logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

La souffrance au travail en hausse

SANS | publié le : 07.09.2004 |

Le journaliste Dominique Decèze dénonce dans son livre La machine à broyer les conséquences de la privatisation de France Télécom sur la santé physique et mentale des salariés.

Hasard ou non du calendrier : le lendemain du désengagement de l'Etat dans le capital de France Télécom, officialisant ainsi la privatisation de l'opérateur, sortait en librairie La machine à broyer (1). Sous-titre : "Quand les privatisations tuent : France Télécom". Un brûlot de 192 pages qui dénonce la souffrance qu'endurent les agents de France Télécom depuis la mise en route du processus de privatisation. Nul scoop, nulle révélation tonitruante, mais des témoignages qui font froid dans le dos. Comme celui de ce médecin du travail qui rapporte : « Il (un salarié, NDLR) est entré dans mon bureau et il a dit : "je veux mourir, je n'ai plus de goût à rien". Pourtant, c'était un homme heureux dans son couple, qui venait d'avoir un enfant. »

Pour étayer son analyse, l'auteur, qui est journaliste spécialisé sur les questions de santé au travail, a interrogé de nombreux médecins du travail, épluché quantité de rapports, écouté des consultants en prévention, parcouru la littérature syndicale. « C'est dans le cadre de mon travail que je me suis intéressé à la progression de la souffrance au travail chez France Télécom, en assistant notamment à des colloques et à des conférences de médecins du travail qui tiraient la sonnette d'alarme », indique Dominique Decèze.

Fatigue mentale et stress généralisé

Son constat est sans appel : l'application brutale de nouvelles méthodes de gestion des ressources humaines, mises en place sous la présidence de Michel Bon et poursuivies par l'actuelle direction, ont des conséquences désastreuses sur la santé des salariés. Selon Dominique Decèze, le degré de souffrance croît de manière inquiétante, la consommation de médicaments explose, la fatigue mentale et physique gagne, le stress est généralisé. Conséquence : les arrêts maladie (+ 60 % en deux ans) sont de plus en plus longs et de plus en plus nombreux. Les suicides aussi.

« Ce que j'essaye de montrer, c'est que les modes de management aujourd'hui employés chez France Télécom sont incompatibles avec la culture de cette entreprise et l'âge de ses salariés. Il n'y a qu'à lire la presse quotidienne régionale pour constater que le moindre conflit social chez France Télécom concerne, à chaque fois, un problème relatif à l'organisation du travail », explique Dominique Decèze. Les fonctionnaires, qui représentent encore 85 % de l'effectif, sont poussés vers la sortie, constate encore l'auteur. « Environ 6 000 personnes quittent chaque année France Télécom. La direction les fait partir par des mises au placard, des départs à la retraite d'office, ou en leur proposant des mutations impossibles, en les éloignant de leur famille. » La direction de France Télécom n'a, à ce jour, souhaité faire aucun commentaire sur le contenu de cet ouvrage.

(1) La machine à broyer, Dominique Decèze, Jean-Claude Gawsewitch éditeur, 192 pages.

Articles les plus lus