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Time-sharing chez Auto 5000

SANS | publié le : 31.08.2004 |

Entreprise, Etat, salariés... Qui doit payer la formation professionnelle en Allemagne ? Chez Auto 5000, nouvelle filiale de Volkswagen, salariés et entreprise partagent les frais.

En Allemagne, le constat est unanime : les entreprises investissent trop peu dans la formation continue. Ainsi, 80 % des PME allemandes ne possèdent aucun plan formation. Sans un plus grand effort dans ce domaine, l'Allemagne, pauvre en matières premières, ne pourra, à terme, ni conserver sa compétitivité, ni relancer son économie. Mais le consensus s'arrête là. Car les acteurs sociaux se déchirent sur la question du financement de la formation, assurée, jusqu'à présent, en grande partie par les entreprises.

Formation à la charge des salariés

Selon la fédération patronale allemande (BDA), les salariés doivent continuer à se former eux-mêmes pour rester compétitifs et sauvegarder leur emploi. Les entreprises ne doivent financer que les mesures qui ont un lien direct avec le travail accompli. « Il n'est plus justifié que 4/5 des formations aient lieu pendant les heures de travail et seulement 1/5 pendant les temps libres », dénonce Barbara Dorn, experte du BDA. « L'entreprise est la première bénéficiaire des formations. Il serait inadmissible qu'elles ne se déroulent que pendant les temps libres et aux frais du particulier », rétorque Ingrid Sehrbrock, experte du DGB, la puissante confédération syndicale allemande.

Au siège de Auto 5000 GmbH, filiale du constructeur automobile allemand Volkswagen, chargée de construire, depuis octobre 2002, la nouvelle Touran à Wolfsbourg, on a tranché la question en partageant les coûts. Les 3 800 salariés de la filiale (tous des anciens chômeurs, payés 2 556 euros par mois) ont signé, lors de leur embauche, un contrat de qualification qui les oblige à suivre en moyenne trois heures de formation par semaine. Ces heures, qui viennent s'ajouter aux 35 heures de tra- vail hebdomadaires, sont payées pour moitié par Volkswagen et pour moitié par le salarié, qui donne de son temps libre.

Echange des connaissances

Deuxième pratique innovante : les salariés, triés sur le volet (VW avait reçu 43 000 candidatures), se forment beaucoup entre eux. « Quand un collègue du laquage a acquis des connaissances spécifiques dans son domaine, pour éviter, par exemple, la formation de bulles dans la laque, il élabore un cours qu'il propose, via Internet, aux autres opérateurs. Quand 5 ou 6 salariés ont signalé leur intérêt via Internet, un séminaire de trois quarts d'heure est ensuite organisé dans l'usine », explique Christoph Adomat, porte-parole d'Auto 5000, qui dresse un bilan positif : « Ce système nous permet de réagir plus rapidement aux problèmes qu'en passant par des organismes de formation extérieurs. »

Selon Harmut Seifert, chercheur à l'institut économique WSI, à Düsseldorf, l'exemple VW devrait servir de modèle à tout le pays, car un tel partage des coûts lui semble la seule solution équitable.