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Une nouvelle chance pour un poids lourd

SANS | publié le : 13.07.2004 |

La Pologne a mal planifié son ouverture à l'économie de marché, il y a quinze ans. Aujourd'hui, elle attire moins les investisseurs et souffre d'un chômage endémique. L'entrée dans l'Europe représente une nouvelle chance, d'autant que la main-d'oeuvre, nombreuse, est bien formée.

Début juin, à Lodz, ex-capitale du textile polonais, la Grande-Bretagne a installé une bourse de l'emploi. Depuis le 1er mai, et sans attendre, avec l'Irlande et la Suède, la Grande-Bretagne a, en effet, ouvert son marché du travail aux citoyens des dix nouveaux pays membres de l'Union européenne. Ainsi, l'office anglais de Lodz offre toutes garanties aux Polonais qui veulent aller travailler à Londres ou à Manchester. Et, dans la file d'attente, les candidats sont nombreux !

« Chez nous, le marché du travail, cela devient tragique ! Avec un baccalauréat et trois années d'université, en cherchant bien, on peut trouver un poste de manutentionnaire ou de serveur de restaurant ! » constate Marek, 23 ans, étudiant désabusé.

Crise économique et sociale rampante

Aujourd'hui, le chômage est la plaie de la Pologne, avec un taux de 20 % (30 % à 35 % dans certaines régions). Sur 100 chômeurs, 60 sont des femmes, souvent diplômées. Quatre jeunes sur cinq affirment que leur pays n'est pas à même de leur garantir la sécurité de l'emploi après leurs études. Le pays n'a pas encore réussi à restructurer ses industries lourdes.

A terme, des licenciements sont inévitables : 20 000 à venir dans les charbonnages, 30 000 dans la sidérurgie, 40 000 dans les chemins de fer. Raisons d'une crise économique et sociale rampante : des réformes bricolées et jamais achevées, une économie peu innovante, un système fiscal instable, l'inertie politique, la corruption.

Improvisation générale

Dès 1990, et les débuts de la démocratisation, la conjoncture était favorable. Dans une improvisation générale, sans plans concertés, le pays s'est alors mis à "pousser" dans tous les sens, séduisant les investisseurs européens et internationaux. Depuis deux ans, de tous les pays d'Europe centrale et orientale, la Pologne est celui qui attire le moins d'investissements. Et les incertitudes sur sa situation politique et sa monnaie y sont pour beaucoup.

Après un démarrage hésitant, les cabinets de consultants s'installent. Au sein des sociétés étrangères, mais aussi polonaises, les fonctions de DRH se multiplient pour organiser le recrutement et la formation, notamment.

Aides financières

L'entrée de la Pologne dans l'Union européenne lui offre la chance d'un nouvel élan, avec des aides financières sans précédent. Les investissements devraient y faire leur réapparition. De grandes sociétés européennes ambitionnent d'y délocaliser leurs services : Philips et France Télécom projettent d'y installer tout ou partie de leur comptabilité, comme Lufthansa, Motorola et d'autres. D'autant plus que le niveau de formation y est élevé, et la main-d'oeuvre disponible nombreuse.

Ce regain d'activité prévisible peut améliorer la situation économique et sociale d'un pays où 60 % de la population vit au niveau du seuil de pauvreté. A condition que le gouvernement et les employeurs s'appuient sur le dialogue et la politique paritaire. Et que les syndicats ne jouent pas la politisation, lourd héritage du passé.

POLOGNE

Population : 38,6 millions d'habitants.

Population active : 17,5 millions de personnes (dont 51,4 % de femmes).

PIB par habitant : 10 230 euros.

Salaire minimum brut mensuel :191 euros.

Salaire moyen brut mensuel : 480 euros.

Coût du travail horaire : 4,48 euros.

Taux de chômage : 20 %.