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Une économie "ouverte" mais encore fragile

SANS | publié le : 13.07.2004 |

Plate-forme de l'industrie automobile à l'est de l'Europe, la Slovaquie a très vite attiré les grands constructeurs français, allemands, japonais, coréens. Le coût du travail et le bon niveau de formation expliquent cette faveur. Mais la protection sociale reste faible et les inégalités s'accroissent.

Incontournable : dans dix ans, la Slovaquie deviendra sans doute la plate-forme des constructeurs automobiles pour toute l'Union européenne. Déjà, Volkswagen, Hyundai, Toyota et PSA-Peugeot y sont implantés. Dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, la tradition industrielle a de profondes racines : sidérurgie, construction mécanique, industrie automobile. Tout est là, sur place : savoir-faire industriel, main-d'oeuvre qualifiée à un coût peu élevé et faibles impôts sur les sociétés. Le futur "poumon" de l'industrie automobile européenne se trouve à Trnava, une ville située à 45 km de la capitale Bratislava.

Production d'un million d'automobiles

Chemins de fer, autoroutes, voies navigables, les infrastructures sont excellentes. Volkswagen veut y produire 300 000 véhicules. Peugeot a investi 700 millions d'euros pour y construire une usine d'assemblage, avec 3 500 salariés. Et, dès 2006, 300 000 véhicules sortiront de ses chaînes. Dans dix ans, tous constructeurs réunis, la production totale de Trnava s'élèvera à un million d'automobiles. A moyen terme, cette perspective industrielle pourrait garantir la stabilité sociale dans la région.

60 % de la production pour l'exportation

L'économie slovaque est, sans doute, la plus "ouverte" parmi celles des pays d'Europe centrale, et l'Union européenne est son premier partenaire commercial. La Slovaquie exporte 60 % de sa production, contre 50 % pour la République tchèque et 25 % pour la Pologne. Pourtant, dans trois domaines sensibles, cette économie reste encore fragile.

Tout d'abord, des salaires très faibles. Inférieures de 30 % aux rémunérations tchèques et de 40 % aux salaires hongrois, ils sont quatre fois plus bas que ceux des voisins autrichiens. Les experts estiment qu'il faudra attendre 2015, au moins, pour que les salaires slovaques rattrapent les 1 700 euros moyens mensuels de l'Ouest. Les disparités régionales restent profondes. Exemple : alors que la région autour de Bratislava enregistre un chômage d'environ 10 %, il monte à plus de 50 % dans d'autres régions de l'est du pays, voire à plus de 70 % dans certaines petites villes proches de la frontière slovaquo-ukrainienne.

Salaires en baisse

Enfin, selon les secteurs d'activité, depuis trois ou quatre ans, les salaires ont baissé de 3 % à 5 %. Le système de protection sociale se dégrade. Les allocations et les indemnités diminuent ou sont plafonnées. Les inégalités sociales s'accroissent.

Les employeurs réclament un assouplissement du Code du travail, qu'ils jugent trop contraignant. En Slovaquie, la loi impose des négociations tripartites, mais, de plus en plus, les règles de concertation sont remises en cause. Et le pays risque, tôt ou tard, des tensions sociales dures, comme la grève des cheminots (suivie à 75 %) qui, au printemps dernier, a eu des répercussions jusque sur le trafic européen.

Pour l'instant, selon une enquête publiée au début de l'année par le ministère du Travail, 91 % des investisseurs étrangers souhaitent augmenter le montant (déjà élevé) de leurs investissements. Mais, pour la Slovaquie, une inconnue subsiste : combien de temps cette période faste durera-t-elle ?

SLOVAQUIE

Population :5,4 millions d'habitants.

Population active : 2,12 millions de personnes (dont 51,9 % de femmes).

PIB par habitant : 11 890 euros.

Salaire minimum brut mensuel :130 euros.

Salaire moyen brut mensuel : 268 euros.

Coût du travail horaire : 3,06 euros.

Taux de chômage : 18 %.