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Mieux vaut être jeune et informaticien...

SANS | publié le : 13.07.2004 |

Le plus petit des pays baltes a opéré une reconversion totale dans le libéralisme, quitte à laisser sur la touche une partie de sa population.

Après les années de plomb de l'occupation soviétique, l'Estonie, le plus petit pays balte, mais aussi le plus prospère, est entrée de plain-pied dans l'ère du libéralisme échevelé. Un virage à 180 degrés qu'illustre, notamment, l'instauration, en 2002, d'un nouveau régime complémentaire de retraite par capitalisation. Ce fonds de pension à la mode estonienne a déjà séduit 600 000 personnes.

Avec une main-d'oeuvre polyglotte - outre l'estonien, on y parle couramment anglais et russe - bien formée et peu encline à faire grève*, l'Estonie enregistre, chaque année, une croissance supérieure à 5 %. Avec de tels atouts, ce pays n'a eu aucun mal à attirer des investisseurs étrangers, ravis de s'implanter dans un pays où le salaire moyen brut mensuel n'excède pas les 400 euros. Sont arrivées en masse des entreprises scandinaves qui ont tiré le meilleur profit des vagues successives de privatisations lancées depuis le début des années 1990. Illustration de cette mainmise extérieure, le secteur bancaire estonien est, aujourd'hui, contrôlé par des sociétés étrangères.

Certes, pour se plier au modèle social européen, l'Estonie a dû faire quelques concessions : assurance chômage en 2001 et salaire minimum en 2002. Reste que ce pays tend à se couper en deux. D'un côté, une jeune génération qualifiée qui brûle les planches ; de l'autre, les aînés, anciens agriculteurs ou ouvriers de l'industrie de la période soviétique, devenus les laissés-pour-compte de la société.

Seuil de pauvreté

« Aucune adaptation n'était possible. Nous n'avions plus besoin de ces emplois », déclarait, froidement, au journal CFDT Magazine, Marko Pometants, le ministre des Affaires sociales estonien. Près de 400 000 retraités vivraient, ainsi, en dessous du seuil de pauvreté, soit près d'un tiers de la population !

Car, parmi les trois pays baltes, l'Estonie se singularise aussi par un net penchant pour les nouvelles technologies. Environ 47 % des Estoniens sont des internautes réguliers. L'informatique est une matière enseignée depuis les années 1960. Quant au gouvernement, il a lancé, dès 1996, une politique volontariste de développement des NTIC. Souhaitant montrer l'exemple, il s'est même autoproclamé e-gouvernement. Ainsi, chaque décision entérinée en Conseil des ministres bascule en temps réel sur la toile. L'Estonie, la nouvelle Silicon Valley balte ? Certains ne sont pas loin de le penser.

En attendant, le pays doit encore s'atteler à résoudre le problème du chômage, qui culmine à 9,2 % de la population active (environ 66 500 demandeurs d'emploi). Avec des disparités géographiques importantes, puisque le nord-est du pays affiche un taux de chômage de 18,6 %. Les populations les plus frappées sont les plus de 45 ans sans formation, et les jeunes, dépourvus d'expérience professionnelle et maîtrisant peu la langue estonienne (28 % de la population est d'origine russe), un facteur essentiel d'intégration professionnelle. Quant aux actifs, ils travaillent majoritairement dans les secteurs des services (64,4 %) et de l'industrie (23,7 %).

Offices de l'emploi

Pour recruter, les entreprises estoniennes usent de différents moyens. Le chemin le plus fréquemment emprunté par les recruteurs est celui des Offices de l'emploi, sortes d'ANPE locales avec, toutefois, une mission plus large qu'en France (aide financière à la création d'entreprise, versement des allocations chômage...).

Outre le recours à des cabinets de recrutement privés et aux annonces presse, les sites web sont naturellement très prisés des entreprises et des candidats. Les portails les plus visités ont pour nom "CV-keskus", "CV-online", le portail de l'Office du marché du travail d'Estonie et "Hyppelaud".

* La grève est un droit reconnu pour les salariés du secteur privé. En revanche, une loi d'octobre 1999 la proscrit dans la fonction publique (chancellerie d'Etat, ministères, administrations, inspections, agences d'Etat, fondations d'Etat, sociétés nationales, et institutions publiques). Toutefois, des conflits sociaux menés, ces dernières années, par les infirmières et les enseignants, ont été reconnus licites.

ESTONIE

Population : 1,4 million d'habitants (dont 54 % de femmes).

Population active :565 600 personnes (dont 49 % de femmes).

PIB par habitant : 10 000 euros.

Salaire minimum brut mensuel :149 euros.

Salaire moyen brut mensuel : 314 euros.

Coût du travail horaire : 3,03 euros.

Taux de chômage : 9,2 %.

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