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« Les salariés de ces pays ont une très forte capacité d'adaptation »

SANS | publié le : 13.07.2004 |

E & C : Quels sont les atouts de la main-d'oeuvre des pays de l'Est ?

R.T. : Comparer la main-d'oeuvre des pays de l'Est, c'est un peu comparer la main-d'oeuvre du Portugal et celle de l'Allemagne. Les différences sont énormes. Toutefois, on peut dire, d'une manière générale, que ces pays sont dotés de techniciens et d'ouvriers très qualifiés dans les secteurs de l'énergie, des transports et de la métallurgie. Les informaticiens fraîchement sortis des universités sont à la pointe du progrès technique.

Les coûts salariaux sont aussi très différents. Un ouvrier roumain gagne environ 100 euros par mois, tandis qu'un salarié polonais ou tchèque percevra une rémunération de 500 à 600 euros. Mais si le coût salarial unitaire est faible, le prix du travail reste non négligeable. La plupart des entreprises étant en sureffectif. Il faudra trois à quatre ans pour obtenir une meilleure rentabilité.

E & C : Que reste-t-il du modèle des anciens pays soviétiques ?

R.T. : Dans les anciennes sociétés d'Etat, l'organisation de l'entreprise socialiste était verticale, en cylindre. Les directions techniques, de production ou d'exploitation pesaient plus que les directions commerciales, marketing ou financières et beaucoup plus que les directions des RH. Pour être plus performante, une entreprise doit apprendre à travailler de manière horizontale, avec peu de niveaux hiérarchiques. Cela dit, la capacité d'adaptation est très forte. Les salariés sont demandeurs de nouvelles méthodes permettant de mieux maîtriser la qualité, les coûts et les délais de production. Les cadres réclament, de leur côté, une rémunération variable. Ils sont très hostiles à l'égalitarisme d'antan.

E & C : Ces pays font-ils l'objet de plans sociaux douloureux ?

R.T. : Ces pays vont affronter un chômage de reconversion massif. Mais les entreprises étrangères restent prudentes. La plupart des sociétés étrangères négocient, d'ailleurs, un "paquet social", un usage initié, notamment, par Solidarnosc. Si cette pratique n'est pas formellement inscrite dans le droit du travail polonais, elle veut, ainsi, que le syndicat négocie avec l'acheteur une durée de garantie d'emploi - période pendant laquelle l'investisseur s'engage à payer une indemnité au personnel licencié. Cet usage s'est, aujourd'hui, généralisé à tous les pays de l'Est sous des formes variées.

(1) Auteur de Réussir en Europe de l'Est, avril 2004, les Cahiers du Groupe Bernard Brunhes.

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