logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Le petit miraculé économique

SANS | publié le : 13.07.2004 |

Au bord du chaos au début des années 1990, la Lettonie a réussi le tour de force d'inverser la vapeur. Ce pays reste, toutefois, le plus pauvre de l'Union européenne.

Malgré des niveaux de croissance records enregistrés depuis 2000, la Lettonie est le pays le pauvre de l'Union européenne, si l'on s'en tient au niveau de son PIB par habitant. Reste que ce pays fait figure de véritable miraculé économique. Au début des années 1990 - la Lettonie a recouvré son indépendance en 1991 -, l'inflation atteignait 1 000 %, le chômage concernait plus de 30 % (11,1 % aujourd'hui) de la population active, pour un pays qui ne compte que 2,4 millions d'habitants. Résultat : le PIB de la Lettonie a été divisé par deux.

Redressement

« L'économie était hors contrôle. Le pays était au bord du gouffre », résume Harolds Celms, directeur, en France, de l'Agence d'investissement et de développement de la Lettonie. Face à cette situation, les pouvoirs publics lettons ont pris le taureau par les cornes, n'hésitant pas à prendre des mesures fiscales très incitatives pour les entreprises, et à privatiser les grandes sociétés nationales. Ils ont pu, également, compter sur une population qui avait soif de revanche.

« Si nous avons pu intégrer l'Union européenne, c'est à la fois grâce au travail des gouvernements successifs, mais aussi à celui des Lettons. Lorsque vous avez faim, vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour vous en sortir », souligne Harolds Celms. Ainsi, après des décennies d'économie planifiée et une douloureuse reconversion à l'économie libérale, la Lettonie semble, aujourd'hui, en ordre de marche.

Jeune classe dirigeante

Attirée par le modèle anglo-saxon, une jeune classe dirigeante est apparue, emmenant, dans son sillage, des salariés motivés et, sans doute, pressés de rattraper un niveau de vie proche des standards occidentaux.

"Tigre balte"

Qualifiée, elle aussi, de "Tigre balte", la Lettonie dispose, en effet, d'une population salariée fortement qualifiée, trilingue (letton, anglais, russe) et investie dans son travail, en dépit d'un salaire moyen brut mensuel avoisinant les 268 euros. « La croissance - 8,5 % au premier trimestre 2004 -, est essentiel- lement boostée par les investissements sur les biens intermédiaires. Ce qui signifie que les entreprises continuent à croire en l'avenir », observe l'économiste.

Investir en Lettonie, c'est le vecteur de développement qu'a retenu Axon Câbles, une société champenoise spécialisée dans la fabrication de câbles pour l'électronique. En 2000, elle a installé un site de production à Daugavpils, une ville située près de la frontière lituanienne, dans une région russophone, à 230 km de Riga. Aux commandes de cette unité de 400 personnes, qui compte seulement quatre Français, dont trois VIE (volontariat international en entreprise), Alain Guénon ne tarit pas d'éloges sur le salarié letton : « D'une compétence technique affirmée, respectueux des consignes et des normes de qualité et très flexible quant à l'organisation de son travail. »

Règles sociales

« Grosso modo, ajoute Alain Guénon, les règles sociales ne sont pas foncièrement différentes des règles françaises, à l'exception du temps de travail effectif, qui est fixé à 40 heures par semaine. C'est par sa souplesse que le droit du travail se distingue. Par exemple, il est possible de faire tourner un site 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, avec quatre équipes, ce qui est impossible dans l'Hexagone. »

Des avantages qui n'ont pas incité les entreprises françaises à s'aventurer en Lettonie, la France ne représentant que 2,8 % des échanges avec ce pays. « Les Allemands et les Anglais ont pris la place, regrette Harolds Celms. La Lettonie n'est certes pas un marché comparable à celui de la Pologne mais c'est un tremplin extraordinaire vers le marché russe. »

Pas d'obligation de formation

Autre différence de taille avec l'Hexagone : aucune obligation légale ne contraint l'employeur en matière de formation. Quant aux syndicats, ils sont aux abonnés absents. La direction d'Axon Câbles n'a, par exemple, face à elle, aucune structure de représentation du personnel. « Les messages passent par la voie hiérarchique. Et cela ne choque personne. Les salariés eux-mêmes n'ont jamais exprimé le souhait de se regrouper », observe Alain Guénon. Echaudés par le collectivisme soviétique, les salariés qui ont vécu ces années noires préfèrent jouer la carte individuelle. Seuls les plus jeunes d'entre eux et les étudiants lettons commencent à exprimer des revendications sur le plan social.

LETTONIE

Population : 2,4 millions d'habitants.

Population active : 1,027 million de personnes (49 % de femmes).

PIB par habitant : 8 500 euros.

Salaire minimum brut mensuel : 122 euros.

Salaire moyen brut mensuel : 268 euros.

Coût du travail horaire : 2,42 euros.

Taux de chômage : 11,1 %.