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Le choix d'un libéralisme pondéré

SANS | publié le : 13.07.2004 |

Plutôt que de pratiquer le dumping social, la Hongrie préfère parier sur des investissements de long terme.

Avec un PIB par habitant de 12 250 euros, en 2001*, la Hongrie fait partie du quatuor de tête des plus riches nouveaux entrants dans l'Union européenne. Cette situation favorable s'explique, en partie, par une ouverture du pays vers l'extérieur datant d'avant le changement de régime. Elle s'est traduite par un afflux précoce de capitaux, qui ont permis de moderniser une partie de l'appareil de production, mais aussi par une plus grande perméabilité aux cultures étrangères et aux langues, notamment l'allemand. « Fort de sa tradition industrielle, le pays a hérité de techniciens d'excellente qualité », relève Raphaël Tresmontant, président de Bernard Bruhnes International. A l'instar des autres pays communistes, il disposait, également, d'un excellent système de formation.

Bon niveau de formation

Quinze ans après le changement de régime, comment la Hongrie a-t-elle fait fructifier son héritage ? « Aujourd'hui, la formation d'Etat, universités et écoles supérieures, quasiment gratuite, produit des compétences vendables sur le marché du travail, même si l'université a tendance à rester un peu théorique et macro », expose Eva Dworak, pionnière des ressources humaines en Hongrie, actuellement associée dans la filiale hongroise du cabinet de chasse de têtes Korn Ferry International.

Mais l'organisation du travail et les salariés eux-mêmes ont eu un peu plus de difficultés à suivre les évolutions économiques. L'ancien système privilégiait la production à la vente ou au coût, et les notions de délais et de qualité étaient inexistantes. « Les secteurs ouverts à l'extérieur sont parvenus à s'adapter, d'autres non, comme l'agriculture, le petit commerce, l'industrie lourde », note Raphaël Tresmontant. « Pour les cadres, les quatorze années qui ont suivi le changement de régime ont été une période d'évaluation pointue et cruelle », se remémore Eva Dworak.

Délocalisations

Aujourd'hui, le pays doit faire face à un nouveau défi : les délocalisations. Salamander, Philips, IBM ou Flextronics ont préféré déplacer certains emplois dans des pays à plus faibles coûts. « La concurrence est dure avec les pays voisins », admet Istvan Boros, associé gérant de Cegos Hongrie, et président de la chambre de commerce et d'industrie franco-hongroise (CCIFH).

Pour relever ce défi, la Hongrie n'a pas fait le choix d'une libéralisation tous azimuts. Ainsi, le droit du travail est assez protecteur, même s'il offre des zones de flexibilité beaucoup plus étendues qu'en France : CDD de cinq ans, amplitude horaire de la journée de travail de quatre à douze heures ; possibilité, pour les conventions collectives, de déroger au temps de repos légal ; contingent d'heures supplémentaires jusqu'à 300 heures par an ; consultation des syndicats au plus tard quinze jours avant la notification des licenciements collectifs...

Investissement dans la protection sociale

D'autre part, le pays continue d'investir dans sa protection sociale. En pourcentage de son PIB, ses dépenses de protection sociale le situent en troisième position parmi les nouveaux entrants.

Enfin, la Hongrie ne pratique pas le dumping salarial. Avec un coût du travail de 3,65 euros de l'heure en 2001, selon la CCIFH, la Hongrie est le troisième pays le plus cher parmi les nouveaux entrants. Récemment, ce coût a été renchéri par le doublement du salaire minimum. « L'avenir de la Hongrie n'est pas dans des baisses de salaires, mais dans la construction de bases solides, capables de séduire les investisseurs sur le long terme », explique Istvan Boros. Apparemment, le calcul est payant, puisque, parmi les multinationales ayant délocalisé, certaines ont décidé de réinvestir en Hongrie, cette fois, dans des emplois à plus forte valeur ajoutée.

Paradoxalement, le tendon d'Achille du pays pourrait être son faible taux de chômage (aux alentours de 5,7 %), et donc un déficit de main-d'oeuvre disponible. « Faute de main-d'oeuvre, PSA n'a pas pu installer son usine chez nous », regrette Istvan Boros.

*Sources : Eurostat et Commission européenne.

HONGRIE

Population : 10,2 millions d'habitants.

Population active : 3,8 millions de personnes (dont 45,8 % de femmes).

PIB par habitant : 13 600 euros.

Salaire minimum brut mensuel : 207 euros.

Salaire moyen brut mensuel : .400 euros

Coût du travail horaire : 3,65 euros.

Taux de chômage : 5,7 %.

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