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Des relations sociales sans enjeu : un management balbutiant

SANS | publié le : 13.07.2004 |

Un droit du travail complet et actualisé, mais peu contraignant pour les employeurs, des syndicats en retrait et des salariés encore peu revendicatifs. Avec un dialogue social privé de vrais enjeux, le management reste défaillant. Mais les règles européennes pourraient dépoussiérer le social.

Après la chute du Mur de Berlin (1989), et les premiers pas de la libéralisation, tous les pays d'Europe centrale et orientale de l'ancien bloc communiste ont vécu la même expérience dans l'urgence : faire face aux contraintes de l'économie de marché et amorcer des restructurations nécessaires.

Conséquence : aux objectifs (pas toujours atteints), on a sacrifié les relations sociales. C'est le cas en République tchèque. Quinze ans après, elle continue à le payer. « Tout semble "baigner dans l'huile", constate Milan, 38 ans, professeur de sociologie à Prague. Pourtant, sur le plan des relations sociales, notre pays est plutôt dans le peloton de queue ! »

Code du travail réactualisé

Paradoxe, en effet : en République tchèque, le droit du travail est assez développé, le Code du travail "présente bien" et il est réactualisé au fil des années. La durée hebdomadaire du travail est de 40 heures, les congés payés de quatre semaines...

Mais il y a le revers de la médaille : ici, le droit du travail reste souvent "consultatif". Par exemple, il énumère un certain nombre de négociations possibles, mais sans obligation pour l'employeur. De même, si le travail temporaire est interdit, il est possible de multiplier à l'envi les CDD... à tel point que bon nombre de grandes enseignes de l'intérim sont déjà présentes à Prague.

Environ un salarié tchèque sur quatre est syndiqué. Mais, dans leur majorité, les syndicats ne sont pas fédérés, ils ont du mal à reconstruire leur image et pèsent peu sur les évolutions sociales.

Partenaires sociaux

Avec des salariés souvent peu revendicatifs, ils préfèrent rester en retrait, chercher le consensus avec l'employeur et gérer les oeuvres sociales du CE. Le pays a certes connu quelques grèves très dures, notamment dans les industries traditionnelles, comme les charbonnages. Néanmoins, même les simples débrayages sont rares.

En République tchèque, l'inexistence d'une véritable confrontation fructueuse entre partenaires sociaux est, sans aucun doute, "le" grand écueil du pays. Et l'origine d'une défaillance générale dans la gestion des ressources humaines, que le droit du travail ne peut pallier. A contrario, et comme pour limiter les effets de cette législation du travail, somme toute assez libérale, le pays a créé quelques filets de sécurité pour amortir le choc social de l'ouverture à l'économie de marché : une prise en charge collective des arrêts maladie au premier jour, qui explique un absentéisme élevé, et diverses allocations permettant, parfois, d'atteindre un niveau proche du salaire minimum de 150 euros.

En cherchant à rapprocher la législation sociale tchèque de celles en application dans l'Union européenne, par exemple sur la consultation et l'information des salariés, le gouvernement tchèque réussira, peut-être, à colmater des brèches dangereuses. A condition de faire vite.

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Population :10,6 millions d'habitants.

Population active : 5,2 millions de personnes (dont 52,5 % de femmes).

PIB par habitant : 14 750 euros.

Salaire minimum brut mensuel :142 euros.

Salaire moyen brut mensuel : 380 euros.

Coût du travail horaire : 3,9 euros.

Taux de chômage : 8,5 %.