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Une sénatrice s'attaque à France Télécom

SANS | publié le : 29.06.2004 |

Le thème de la souffrance au travail chez France Télécom prend une tournure politique. Une sénatrice va demander l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur ce sujet.

Une demande de commission d'enquête parlementaire, une journée de mobilisation lors d'un prochain CNHSCT, telles sont les deux principales pistes d'action évoquées par les organisations syndicales (Sud, CGT, CFTC, CFE-CGC) de France Télécom, réunies, le 23 juin, au Sénat, à l'initiative de Marie-Claude Beaudeau, sénatrice PC du Val-d'Oise. Depuis plusieurs mois, celle-ci collecte les témoignages de salariés de France Télécom, faisant état d'un développement de la souffrance au travail. Laquelle se traduit par une montée en puissance des accidents du travail (+60,4 % depuis 1996), des arrêts longue maladie (+37 % depuis 1999), des cas de suicide et de harcèlement moral.

Une gestion brutale

Les syndicats dénoncent une gestion des ressources humaines brutale, « expression du plan TOP de la direction, visant à réduire l'endettement de l'entreprise et à préparer sa privatisation ». Sont plutôt visés la pratique des fichiers illégaux de salariés, le plan de performance individuelle comparée (Pic), la mobilité géographique et, plus généralement, un management autoritaire « fondé sur la déstabilisation ».

Les responsables syndicaux l'affirment : la stratégie de la direction est de pousser les fonctionnaires (85 % de l'effectif) vers la sortie. « France Télécom est un laboratoire d'idées. Les agents d'EDF-GDF et de La Poste redoutent une telle dérive », soulève Verveine Angeli, secrétaire nationale de Sud-PTT. Sans nier l'existence de difficultés personnelles, la direction de l'opérateur se refuse à parler de souffrance au travail, « terme générique » qui « déforme la réalité ».

Les salariés ont simplement du mal « à s'adapter à l'environnement très concurrentiel, souligne le directeur du dialogue social international de France Télécom et président du CNHSCT. Dans le privé, le pire pour un salarié est de perdre son travail. Pour un salarié de France Télécom, qui bénéficie de la garantie de l'emploi, c'est le changement de métier ou de résidence qui peut être mal vécu. Il faut savoir que chez Deutsche Telekom, des milliers de salariés ont été licenciés. La contrepartie à la garantie de l'emploi, c'est l'adaptabilité. Cette année, les 7 500 suppressions d'emploi sont consécutives à des départs naturels et à des mesures d'âge ».

Commission nationale

Reconnaissant des dérives managériales locales, le directeur du dialogue social rappelle la création d'une commission nationale sur le stress placée sous l'égide du CNHSCT. « Nous allons, ajoute-t-il, rencontrer les partenaires sociaux pour discuter des modalités d'un accompagnement des collaborateurs qui éprouveraient des difficultés. Les managers vont, quant à eux, être formés à la gestion du stress. » Reste à savoir de quel poids peuvent peser les syndicats dans cette entreprise de 120 000 personnes faiblement syndicalisée.